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APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLE 

LE VIVRE ENSEMBLE, HIER ET DEMAIN

Jean-Claude Leclerc nous situe dans le temps de ce vivre ensemble. L'afflux au Québec de cultures multiples est apparu dès le XVIe siècle. Et nous avons cherché une culture commune, sans que la discorde ne disparaisse. Les changements sociaux récents, aussi perturbateurs qu'ils soient, indiquent des apprentissages en train de prendre place.
« Foyer d’une vie intellectuelle toujours grandissante, centre d’affaires et d’industries de plus en plus important, et surtout ville exceptionnelle par la foi, le dévouement et la générosité, Montréal est bien encore, dit-il, reprenant l’expression du maire, la Rome du Nouveau monde » !
Le cardinal Vannutelli

Des guerres sévissaient déjà en Amérique précolombienne, tout comme en Europe parmi ces empires qui se disputaient le Nouveau monde. Rivalités de commerce et de religion. En Nouvelle-France, les aborigènes étaient voués à devenir des sujets du roi et de bons catholiques. Mais protestants et juifs furent exclus de la jeune colonie. C’est la conquête anglaise qui ouvrira ce vaste pays à d’autres cultures différentes.

MONTRÉAL, VILLE OUVERTE

Née catholique et française, Montréal accueillera alors des Anglicans, des Écossais presbytériens, des Irlandais anglo-catholiques, puis des Juifs fuyant la persécution, et finalement d’innombrables migrants en quête d’une sécurité ou d’un avenir pour leurs enfants. Nul n’y sera majoritaire longtemps, mais tous doivent s’entendre quant au commerce, aux règlements et aux taxes. Pagodes et mosquées n’apparurent que récemment.

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Assez tôt, pourtant, une culture commune s’y forme. Sa devise : Concordia salus, le salut par la concorde. Car les occasions de discorde n’y manquaient pas. Les armoiries porteront le symbole floral des quatre principales communautés : le lys, le chardon, la rose et le trèfle. Une croix en rappelle la fondation d’inspiration chrétienne. Toutefois, hôpitaux, écoles, œuvres de charité se développeront comme dans des sociétés séparées.

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Il faut attendre le milieu du XXe siècle pour que ces institutions s’ouvrent aux gens d’autre culture. Et c’est tardivement que les emplois municipaux deviennent accessibles aux minorités. L’Exposition universelle de 1967 avait connu un grand succès de diversité, mais entre-temps des conflits linguistiques et politiques auront détérioré le climat social. Des gens partent, d’autres arrivent. Et voilà que la religion, notamment l’islam, fait de plus en plus l’objet de vifs débats.

Ainsi naît un discours sur le « vivre ensemble », comme si jusqu’alors on avait vécu séparément, les uns à côté des autres, dans une mutuelle ignorance tranquille.

UN MODÈLE DE CONVIVANCE

Or, plus d’un siècle auparavant, au XXIe Congrès eucharistique international, le premier à se tenir en Amérique, Montréal se présentait déjà en modèle de convivance, à la fois métropole catholique et cité d’autres confessions chrétiennes. Des prélats catholiques venus du monde entier et des dirigeants politiques du pays s’y retrouvent. Le maire James J. Guerin, d’origine irlandaise, élu grâce aux Canadiens français, accueille à l’Hôtel de Ville le représentant du pape Pie X, le cardinal Vincenzo Vannutelli.

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À l’ombre de la montagne, proclame le maire, habitent des hommes et des femmes de nationalités différentes, de langues différentes et de croyances différentes. Et quand au matin des dimanches les cloches sonnent en harmonie, c’est aussi « dans l’union et la concorde » que s’écoule la vie de ces milliers de citoyens. « La bonne entente, le bon vouloir et le respect sincère des droits de chacun, assure-t-il, sont les caractéristiques de toute la population. » Le cardinal Vannutelli est visiblement transporté d’émotion.

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À ses yeux, répond-t-il au maire, Montréal n’apparaît pas seulement comme « le rendez-vous prédestiné de divers peuples ». Foyer d’une vie intellectuelle toujours grandissante, centre d’affaires et d’industries de plus en plus important, et surtout ville exceptionnelle par la foi, le dévouement et la générosité, Montréal est bien encore, dit-il, reprenant l’expression du maire, « la Rome du Nouveau monde » !

RÉUNIONS ET DIVISIONS À LA FOIS

L’histoire aura retenu de cette manifestation une confrontation d’Henri Bourassa avec l’archevêque de Westminster, Mgr Francis Bourne, sur la langue et la foi en Amérique. Mais qui aurait alors imaginé que, 50 ans plus tard, les églises seraient désertées et qu’au lieu de célébrer la coexistence paisible des différences, toute une société serait aux prises, à Montréal et ailleurs, avec un choc de croyances et un conflit de valeurs? Des projets de « vivre ensemble » suscitent, en effet, passions, réunions et divisions à la fois !

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Si les règles de l’harmonie sont partout difficiles à trouver, les obstacles à surmonter abondent. Oppression ou fanatisme en fait de langue, de religion, de sexe ou de pouvoir. Monopole dans les emplois ou iniquité dans les revenus. Traumatismes hérités du passé. Exploitation de craintes ataviques. Rivalité entre classes cléricales, intellectuelles ou commerciales. Favoritisme dans l’accès aux ressources et surtout désespoir en temps de dépression économique. Notre société, se demande-t-on, en est-elle menacée elle aussi ?


Certes, si plusieurs religions œuvrent activement pour la paix, toutes n’ont pas expurgé de leurs croyances des aberrations très nocives. Aux États-Unis, il est vrai, une coalition interconfessionnelle aura incité les partis politiques à ne plus se servir de la religion à des fins électorales. Au Canada, par contre, des stratèges ciblent des électorats « ethno-religieux », et il se trouve des minorités pour accorder leur vote non à une bonne équipe de gouvernement mais au parti qui favorisera leur communauté, ici ou à l’étranger. Des tactiques trop peu réprouvées mais éventuellement explosives.

CHARITÉS ET JONCTION DES FORCES

Pourtant, à l’instigation de gens d’affaires et de leaders sociaux, les œuvres de charité traditionnelles de Montréal vont accomplir une jonction des forces communautaires de la région. À la campagne de souscription unifiée, en place depuis quelques années, s’ajoute désormais une distribution centrale des aides financières. Priorité est accordée aux besoins de la population sans égard à la religion, à la langue ou au domicile. À l’heure où l’incertitude mine la politique et l’économie, Centraide met en marche des milliers de bénévoles dont la mission est de créer une communauté solidaire.

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En même temps, dans les universités, les institutions municipales, le milieux des arts et de la création, on assiste à l’arrivée d’une relève culturellement diversifiées. Avec cette nouvelle génération, les appréhensions et les étroitesses d’hier font place, peu à peu, à des aspirations et à des valeurs différentes. Aux déceptions d’une société de consommation et d’une mondialisation anarchique verra-t-on demain succéder le défi autrement plus élevé d’une civilisation du vivre ensemble ? Il est permis de l’espérer.

vol. 120, no 3 • 15 juin 2015

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