TENDRESSE ET COMPASSION DE CLAIRE D’ASSISE
Sœur CLAIRE BISSONNETTE, osc
Monastère des Clarisses, Salaberry-de-Valleyfield, Qc
La compassion du Christ Jésus pour nous est et demeure un très grand mystère d’amour envers l’humanité. L’Église en a toujours soutenu la mémoire par sa liturgie et son action caritative dans le monde. Claire d’Assise s’en est nourrie de cœur et d’esprit, toute sa vie, comme François d’ailleurs.
« La bienheureuse mère était envers ses sœurs humble, douce, affectueuse ; elle avait compassion des malades. »
(Pacifica) (Procès de canonisation I,12).
TENDRESSE ET COMPASSION DU CŒUR
Cette compassion et cette tendresse du cœur s’expriment quotidiennement dans la vie de Claire : c’est l’un des aspects que les témoins de sa vie indiquent le plus souvent, tels l’humilité de ses prévenances envers ses sœurs, la charité guérisseuse de ses interventions même à l’extérieur de son monastère, sa prière insistante pour l’Église.
Cette attitude de Claire s'observe lorsque la maladie frappe et atteint ses sœurs. Elle compatit et apprend à doser, à discerner le juste équilibre des observances, selon sa propre confidence à son amie, Agnès de Prague : « Ta prudence aura appris que pour les faibles et les malades, François nous a averties et nous a demandé d'avoir toute la discrétion que nous pourrions. » Et, elle ajoute : « Notre chair n'est pas une chair de bronze et notre force n'est pas la force de la pierre ; bien au contraire, nous sommes fragiles et enclines à toutes les faiblesses corporelles. Très chère, je te prie et te demande dans le Seigneur de te détourner sagement et discrètement d'une certaine austérité, pour que vivante tu loues le Seigneur, que tu rendes au Seigneur un hommage raisonnable et ton sacrifice toujours assaisonné du sel de la sagesse. » (3e Lettre 31).
UN CLAIR MIROIR
Ainsi dans l'enjeu de cette vie, Claire enseigne à ses semblables et les entraîne en les aimant, en les attirant à Dieu par sa bonté, devenant ainsi le clair miroir de cette véritable humanité que le Christ Jésus nous a montrée et enseignée. Voyons quelques traits de sa prévenance quotidienne :
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« La bienheureuse mère était envers ses sœurs humble, douce, affectueuse; elle avait compassion des malades. » (Pacifica) (Procès de canonisation I,12).
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« Son cœur était toujours prêt à partager les peines des sœurs et des affligés. Elle considérait toutes les sœurs comme supérieures à elle ; de toutes, elle se faisait la moindre, les servant. » (Philippa) (Pr III,9).
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« Dans l'oraison, elle avait le don des larmes, mais avec ses sœurs elle ne montrait que joie spirituelle. Elle ne se laissait jamais troubler par la colère; c'est avec beaucoup de douceur et de bienveillance qu'elle faisait des remarques aux sœurs, les reprenant parfois avec beaucoup de soins lorsqu'il le fallait. » (Cécile) (Pr VI,4).
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« Telle fut la bonté de madame Claire qu'aucune parole n'est capable de l'exprimer tout à fait. » (Pr VIII,1; IX,1; XII,7)
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« Lorsque madame Claire voyait une sœur souffrir de quelque tentation ou tribulation, elle l'appelait discrètement, pleurait avec elle, la consolait. » (Agnès) (Pr X,5)
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« Elle était douce et libérale envers toutes les sœurs. Elle gouverna le monastère et les sœurs avec beaucoup de jugement et de discernement, plus qu'on ne pourra jamais dire. » (Benvenuta) (Pr XI,5)
UNE HUMANITÉ PARTICULIÈRE
La vision de ces témoignages de vie nous rend présente la particulière humanité de Claire d'Assise: sous l'action de l'Esprit, elle est devenue "femme nouvelle", miroir du Fils de Dieu, et, selon l’expression heureuse de la Bulle de sa canonisation : « clair miroir offert au monde », lui montrant « tout ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment. » (1Co 2,9).
Lors du 8e centenaire, le pape Jean-Paul II soulignait avec ferveur la conséquence actuelle et admirable de cette contemplation aimante, de cet amour passionné pour le Christ crucifié. Il écrivait : Oui, Claire et ses sœurs avaient un cœur grand comme le monde : en contemplatives, elles intercédaient pour toute l’humanité. Ces âmes sensibles aux problèmes quotidiens de chacun, savaient se charger de toutes peines : il n’y avait pas de préoccupation, de souffrance, d’angoisse, de désespoir chez autrui qui ne trouvât un écho dans leur cœur de femmes de prière. Persuadée qu’il ne peut y avoir de vie apostolique qui ne soit pas plongée dans le côté transpercé du Christ crucifié, elle écrivait à Agnès avec les mots de saint Paul : « Je te considère comme une aide de Dieu même, comme le soutien et le réconfort des membres défaillants de son Corps ineffable. » (3e Lettre, Rm 16,3)