Ces mots nous semblent signifier presque la même chose chacun. Voyons en quoi ces réalités sont différentes les unes des autres.
© photo : Josée Richard
Les questions qui titillent l’être humain depuis la nuit des temps se formulent invariablement comme suit : Pourquoi la vie, la mort ? Comment expliquer le bien et le mal ? Qu’est-ce qui crée le beau et le laid ? Le bon et le détestable ? La souffrance et le plaisir ?
Commençons par une définition fort bien nuancée : « Le spirituel fait appel à ce qui relève de la conscience, de l’être à sa source. Il désigne cette caractéristique de l’être humain qui consiste à n’être ni totalement assujetti ni absolument souverain dans l’univers, de telle sorte qu’il accède à la liberté en reconnaissant et en respectant une vie qui vient de plus loin que lui et l’appelle au dépassement.
Une expérience spirituelle consiste à s’ouvrir à cette vie profonde, intime et cosmique à la fois, à entendre ses appels, à y conformer son agir. Elle conduit à donner un sens unifiant, décisif et fondamental à l’existence. Pour ceux et celles qui nomment cette réalité Dieu, le spirituel prend une connotation religieuse et se vit sous le mode de la communion à une présence, de la fidélité à un amour. D’autres y voient plutôt un niveau de conscience, une disponibilité aux exigences intérieures, un radical affranchissement du matérialisme, une orientation de sa vie en fonction d’un absolu qui peut prendre la forme d’une cause sociale ou politique, d’une recherche du beau ou du vrai, d’un service à l’humain.
On peut parler de spirituel quand on dépasse l’ordre des considérations purement utilitaires et immédiates, pour accéder au domaine de l’altruisme, de la gratuité, de la liberté intérieure, de la contemplation. »* En émergent des questions-clés existentielles.
Les questions qui titillent l’être humain depuis la nuit des temps se formulent invariablement comme suit : Pourquoi la vie, la mort ? Comment expliquer le bien et le mal ? Qu’est-ce qui crée le beau et le laid ? Le bon et le détestable ? La souffrance et le plaisir ?
Étymologiquement, ce qui relève de l’esprit humain est spirituel. Toutes les réponses, toujours approximatives et jamais entièrement satisfaisantes, se bousculent à travers les générations. L’incertitude impose son silence. Toujours est-il que la première spiritualité est cosmique. Nous devons nous situer individuellement et collectivement par rapport à l’écrin contenant toute vie, notre vie. Notre existence appelle au sens : quelle direction, quelle signification donner à la vie reçue? Voilà l’univers du spirituel dont nous faisons instamment l’expérience.
L’univers du religieux partage les mêmes questions soulevées dans le giron du spirituel. Ce en quoi le religieux devient une modalité de l’univers et de l’expérience spirituels. Seul le lieu où puiser des éléments de réponse varie. Pour diverses traditions philosophiques, religieuses, sapientiales, Dieu est la Source de tout ce qui est.
Dans les deux cas, cela relève de nombreuses générations qui ont vécu des expériences intérieures, fortes et intenses, chamboulées par le cours de leur histoire individuelle ou collective. Les grandes valeurs universelles se forgent progressivement : Le Beau, le Bon, le Bien, le Vrai. Elles sont sacrées pour notre humanité !
Conseil supérieur de l’éducation, Éthique, spiritualité et religion au cégep, Québec, Direction des communications du Conseil supérieur de l’éducation, 1992. No 50-1028, 112 p. (p.53).