Lors de la dernière chronique, il a été question de toute cette polémique qu'avait suscitée le projet des postes américaines d'émettre un timbre pour le 8e centenaire de la naissance de François et qui apparut quand même sur le courrier nous parvenant des États Unis. Cette contestation fut unique dans l'histoire de François par la philatélie. Toute sa vie fut scrutée, sa spiritualité évoquée par des grands évènements qui jalonnent son existence, par des lieux qu'il a foulés et par des fils et des filles qui ont marché sur ses pas. C'est ce que nous verrons dans les prochaines chroniques que j'aborderai dans ces pages. Sa rencontre avec le Christ a commencé à Spolète.
La voix poursuivit : « Alors pourquoi cherches-tu le Serviteur au lieu du Maître ? » François enchaîna : « Que veux-tu que je fasse, Seigneur ? » « Retourne au pays de ta naissance et on te dira ce que tu dois faire ».
LA VISION DE SPOLÈTE
En l'an 1201, François rêve de gloire et d'épopée. Il se fait chevalier pour aller défendre Assise contre Pérouse. Fait prisonnier, malade, il est délivré et ramené chez lui. Guéri et de nouveau fasciné par la chevalerie, il décide de rejoindre en 1205, Gautier de Brienne, un « Don Quichotte » qui enflammait alors la jeunesse de l'époque pour délivrer les villes soumises au joug allemand. Après une première journée de voyage, il s'arrête à Spolète. C'est là que le Christ l'attendait. Durant son sommeil, une voix mystérieuse lui demanda : « Qui peut te donner davantage? Le Maître ou le Serviteur ? François répondit : « Le Maître ! » La voix poursuivit : « Alors pourquoi cherches-tu le Serviteur au lieu du Maître ? » François enchaîna : « Que veux-tu que je fasse, Seigneur ? » « Retourne au pays de ta naissance et on te dira ce que tu dois faire ». À partir de ce moment LA CONVERSION ALLAIT FONDRE SUR LUI ET LE DEGAGER DE LA RICHESSE. François se mit à rechercher la solitude, espérant réentendre cette voix.
La pièce philatélique utilisée ici pour illustrer ce point va vous paraître surprenante mais elle a un lien direct avec le sujet traité puisque sur ce pli, apparaît le mot « Spolète » où François a eu sa vision. Ce genre de pièce philatélique est une lettre envoyée de Spolète à Rome puis à Braccanio, avant l'existence des timbres qui ne sont apparus qu'en 1840 en Angleterre. La lettre, datée de 1816, fut envoyée en port payé et porte la marque postale SPOLÈTE, le lieu d'envoi, marque qu'on appelle linéaire en philatélie. Elle est adressée à des seigneurs de Bracciano via Rome. Bracciano était une commune de la province de Rome dans la région du Latium en Italie, à 35 km de Rome. La ville de Spolète était située à 96 km de Rome. À cette époque, ce sont des cavaliers qui livraient les lettres par relais de 28 km au galop avec un maximum de 90 km par jour. Ils s'arrêtaient à chaque relai pour se reposer ou confier les lettres à un autre cavalier. Parfois, c'était le destinataire qui devait payer les frais d'envoi et il arrivait que certains refusaient de payer et c'est de là qu'est venue la création du timbre-poste. Revenons à François.
LE BAISER AU LÉPREUX
Suite à sa vision et touché par la grâce, François s'interroge profondément. Un jour, lui qui avait toujours manifesté une grande répugnance pour les lépreux, en rencontre un sur son chemin et l'embrasse avec amour « en se rappelant qu'il avait d'abord à se vaincre s'il voulait devenir soldat du Christ ». Le mystérieux lépreux serait ensuite disparu. CE GESTE AUSSI SIMPLE DÉTERMINA SA VOCATION. Dans son TESTAMENT, il écrit en effet: « APRÈS , JE TARDAI PEU ET JE QUITTAI LE MONDE ».
On retrouve sur des timbres ce « BAISER AU LÉPREUX » notamment sur un magnifique timbre (voir photo du côté) émis par les postes monégasques dans le cadre d'une série de 9 timbres au profit de la Croix-Rouge, commencée en 1969 avec un timbre consacré à Sainte Élisabeth et à son époux Louis IV et, le 27 avril 1972, à François d'Assise dans ce grand moment de conversion. C'était le 4e timbre de la série dite « Croix-Rouge type de 1969 » car l'encadrement de chacun des personnages illustrés est le même pour tous les timbres. La série s'est terminée en 1979 avec Saint Pierre Clavier prêchant aux esclaves. Le timbre est une création de P. Lambert et C. Haley et fut réalisé par gravure. Sur un autre timbre émis étonnamment par l'Inde à New Delhi le 4 avril 1983. En arrière-plan, derrière une statue de Saint François (conservée dans l'église Saint François d'Assise du vieux Goa), apparait en haut à gauche, le « baiser au lépreux ». Le timbre monochrome a été produit par photogravure. L'oblitération Premier Jour est illustrée des armoiries franciscaines et d'un lotus, la fleur emblématique de l'Inde.