FRANÇOIS NOUS INTERPELLE
DES « CHOSES» ET DES « BIENS »
SUR LES PAS DE FRANÇOIS D'ASSISE… PAR LA PHILATÉLIE
Après ce timbre émis par l’Italie en 1923, où la figure de François d’Assise apparaissait pour la première fois sur une vignette postale, plusieurs pays ont émis des timbres pour marquer son 700e ou son 750e anniversaire de naissance en 1932. Mais on souligna plus encore son huitième centenaire.
De nombreuses administrations postales à travers le monde ont saisi l’occasion d’émettre un timbre ou plusieurs en hommage à cet humble frère.
Le service postal des États Unis ne voulut pas être en reste. Cependant, la seule annonce de ce projet engendrera déjà une polémique mémorable pour l’unique raison qu’il s’agissait d’un saint. Lui dont le message au monde est « Paix et Bien », lui qu’on a surnommé « Le pacifique », lui qui ne tolérait pas que ses frères manquent de respect à l’autorité civile et à qui il leur commandait d’obéir scrupuleusement, était-il si inconcevable qu’on lui fasse un hommage philatélique? Oui le grand péché de François ce fut d’être saint, sinon la polémique n’aurait pas eu lieu.
Dès l’annonce de l’émission américaine en 1981, le « Linn’s », journal philatélique américain, publiait des lettres de contestation dont certaines faisaient écho aux messages adressés au Maître des postes général, William F. Bolger. C’était aller à l’encontre du Premier amendement de la Constitution américaine qui prône une stricte séparation entre l’Église et l’État clamait tout haut l’Union américaine pour la dite séparation; c’était contrevenir aux normes de l’administration postale elle-même qui lui interdisent de promouvoir des organisations politiques ou sectaires ; c’était ouvrir la porte à de nombreuses émissions concernant d’autres saints, des martyrs, des papes ou des figures religieuses et promouvoir ainsi la discrimination envers les autres confessions. D’autres lettres approuvaient le choix et traitaient les contestataires de bigots et d’intolérants. Cependant plus 100 000 Américains, 40 membres du Sénat, 71 membres de la Chambre des représentants, 45 gouverneurs et même des communautés protestantes approuvaient l’émission et la Société américaine des postes reçut l’autorisation de procéder à l’émission mais elle dut promettre qu’à la même date l’année suivante une émission serait consacrée à Martin Luther...
LA FAMEUSE ÉMISSION
L’oblitération de ce Pli Premier Jour nous informe que le lancement officiel du timbre a eu lieu à San Francisco, au musée des beaux-arts connu sous le nom du « Musée De Young », le 7 octobre 1982, dans la ville qui porte le nom de saint François.
Le timbre a été dessiné par Néo Seidler de Washington, D.C. Des dessins de cet artiste ornent plus d’une trentaine de timbres dont une vingtaine consacrés à des fleurs de jardin. Celui de saint François fut le premier qu’il dessina pour les postes. L’impression a été confiée à l’atelier Ferguson par l’American Bank Note Co. et produite par photogravure en feuillets de 50 vignettes.
MINCE CONSOLATION POUR LES PHILATÉLISTES CANADIENS
Des philatélistes canadiens membres de plusieurs sociétés firent une demande aux postes canadiennes pour qu’elles émettent un timbre en hommage à François d’Assise. Là encore, on invoqua les normes régissant le choix des timbres qui interdisent d’en émettre sur des personnages religieux. Peut-être que la Canada a-t-il eu peur de réactions à l’américaine? En tout cas, il a manqué l’occasion unique de rendre hommage à celui qui a donné au Canada ses premiers missionnaires. En guise de consolation, sur le pli premier jour des timbres de Noël 1982, il apposa une gravure rappelant que François d’Assise a été le premier à évoquer la naissance de Jésus sous la forme d’une crèche.
Cette gravure reprend une toile de Benozzo Gozzoli (1420-1497) conservée en l’église San Francesco de Montefalco en Italie. Elle nous fait voir François vêtu des ornements de diacre. La scène se passait en 1223, quelques mois après l’approbation de sa nouvelle Règle par le pape Honorius.