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Un vent d’Esprit souffle librement. L’expérience d’une communauté paroissiale ethnique, la Mission Notre-Dame d’Afrique, est riche de nouveauté, de promesse, de vie évangélique nouvelle. Ce sont des émigrants africains catholiques qui animent ainsi une paroisse créée pour eux, par l’évêque de Montréal, d’où qu’ils viennent sur le territoire du Grand Montréal. Ils nous offrent un exemple de vitalité et d’inspiration dans la manière de vivre l’Évangile, dans la façon de réinventer des communautés authentiques, viables grâce au partage et à l’engagement concret de chacun.
Bravo au Pasteur congolais Jean-Chrysostome Zoloshi ! 
Dieu passe par nos manques pour nous obliger à donner nos mains, nos cœurs, notre temps !

Voilà un an que la Mission Notre-Dame-d'Afrique a été inaugurée. Au terme de cette première année, un bilan s’impose pour faire le point sur notre vie paroissiale. Quelles sont les activités à travers lesquelles les objectifs de la Mission prennent tranquillement forme, à la manière de l'argile dans les mains du potier ? Quels défis se présentent à ce grand et beau projet ? Voilà les questions auxquelles j’essaie de répondre brièvement dans cet article.

PRÉLUDE

Je n'avais jamais pensé qu'un jour je me retrouverais à la tête d'une Mission dédiée aux fidèles catholiques montréalais d'origine africaine ! Je suis arrivé à Montréal en 1993. Très tôt, quelques compatriotes se sont organisés pour prier ensemble, aux couleurs congolaises et africaines. Tout en les fréquentant, je m'en méfiais. Je me méfiais de tout groupe qui pouvait devenir un ghetto. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts. Me voici 20 ans plus tard, en 2013, appelé par Mgr Christian Lépine à prendre la responsabilité de la Mission Notre-Dame-d'Afrique. Comme quoi, les voies de Dieu sont insondables ! 


La Mission dont j'ai accepté la charge a effectivement été inaugurée le 9 juin 2013 à l'intérieur d'une messe présidée par Mgr Christian Lépine, en présence du Cardinal Laurent Monsengwo et de Mgr Victor Abagna. C'était un évènement historique ! Une assistance africaine record pour un évènement du genre était porteuse d'espoir et de promesse qui ont été couronnés, le 1er septembre 2013, par la désignation d'une église destinée aux catholiques d'origine africaine.

LES SIGNES DE L’ESPRIT… DES EXEMPLES 

Marc était en train de couper le gazon. Un passant lui dit : « Tu travailles pour les protestants ! » Marc de répondre : « Ce sont des catholiques! » L'autre s'est mis à pleurer de joie, une joie spirituelle, signe de l'Esprit du Ressuscité ! Étrange et belle pratique religieuse de Marc : il passe ses journées de retraité à aider les gens autour de lui; il coupe le gazon de ses voisins et celui du terrain de l'église... Il consacre ses journées à faire du bien. Comme Jésus !

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Ainsi de Jacques, ce bénévole venu me dire un jour de novembre : « Les cloches vont sonner aujourd'hui ! ». C'est ce qu’il m'avait annoncé alors qu’il essayait depuis 3 semaines de réparer les cloches de l'église restées muettes depuis plusieurs années... Il nous faut du champagne, lui ai-je répondu, reconnaissant! Effectivement, je suis allé acheter un mousseux (et non pas un champagne!). Nous avons trinqué, après avoir récité l'angélus! Quel bonheur ! s’exclama Bégin, le compagnon de Jacques, avec des larmes aux yeux : « Je me sens revivre ! Merci de me donner cette chance ». Voilà un Vent de l'Esprit du Ressuscité !

MESSES AUX COULEURS AFRICAINES… 

À la Mission Notre-Dame d'Afrique, les messes dominicales occupent une place importante parmi les activités liturgiques et pastorales. Une messe à 9h30, une autre à 11h - une dernière à 15 h le troisième dimanche du mois - et à 17 h le quatrième dimanche du mois. Ces messes sont des espaces de rencontre avec Dieu, à travers la prière, les chants, les danses, les processions, le partage fraternel, l'écoute, l'entraide, la solidarité, etc. À la fin de chaque messe, on accueille les nouveaux arrivants, on note leurs coordonnées, on les présente aux responsables des CVBs de leur quartier, etc. On célèbre les anniversaires de la semaine ou du mois et on partage un repas simple et fraternel. Les gens aiment fêter! Ces fêtes ont un avantage car elles favorisent la rencontre et la fraternité, tout en aidant à surmonter le défi des différences culturelles, linguistiques, nationales...

UNE PRATIQUE FAITE SUR MESURE…

Les fidèles de la Mission viennent de loin. Il fallait les accommoder de diverses façons. Du point de vue liturgique, un horaire ajusté à la réalité s’imposait pour les messes et plusieurs activités. Au plan administratif, les réunions ont lieu le dimanche, pour éviter que les gens, qui travaillent le lendemain, viennent durant la semaine de très loin et repartent tard le soir. Pour des raisons semblables, les catéchèses sont offertes le dimanche. Et quoi d’autre encore ?... Les dimanches et les samedis sont donc très chargés...

« DES COMMUNAUTÉS VIVANTES DE BASE »

De la créativité, il en faut aussi pour favoriser la proximité. Ainsi sont nées les cellules d'évangélisation mises sur pied dans le quartier de vie des différents groupes. Ce sont des Communautés Vivantes de Base (CVB) pour être proche et pratiquer ensemble la foi, l'accueil et la solidarité… La Mission Notre-Dame-d'Afrique couvre, géographiquement parlant, tout le territoire du diocèse de Montréal, ce qui inclut la Ville de Laval. Les fidèles de la Mission ne vivent donc pas dans une paroisse territoriale, à l'intérieur d'un rayon d'un ou de deux kilomètres. Les gens viennent d'aussi loin que Repentigny et Sainte-Rose. Comment être proche d’eux, d’elles ? Comment être proche d'un malade de la communauté qui se trouve aussi éloigné ? Comment être proche du nouvel arrivant qui s'est installé dans Ville LaSalle ? Ces groupes répondent, entre autres, à ces besoins de proximité. Ils permettent aux personnes qui le veulent de se réunir chaque mardi soir à partir de 18 h 30 environ, guidés par un «Moyangeli» (une sorte de Berger). Un horaire de la soirée à la disposition de chaque CVB inclut l'échange de nouvelles, puis un temps de prière, de lecture de la parole, d'échange et d'actualisation autour de cette parole. Le tout dans un contexte à taille humaine. Avant de se quitter, une agapè prolonge la rencontre. Si un membre est malade ou vit un deuil, la rencontre peut se tenir chez lui. Une joie, on la partage. Un nouvel arrivant s'installe dans le quartier, on lui vient en aide... Ces CVBs deviennent ainsi des espaces de proximité qui rendent la Mission proche des malades, des nouveaux arrivants, attentifs aussi à ce qui se vit dans le quartier. D’un mardi à l’autre, le prêtre responsable de la Mission visite chaque groupe à tour de rôle.

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D’autre part, les CVBs prennent en charge la vie de la Mission, par le nettoyage de l'église à tour de rôle ou pour tout autre besoin de la communauté. En résumé, les CVBs deviennent des espaces de partage, de soutien, de solidarité, de prise de parole, de proximité, d'écoute, d’engagement de la foi au quotidien.

PRATIQUER L’ACCUEIL ET L’INTÉGRATION…

Depuis avril 2014, nous avons développé un groupe pour les personnes aînées, appelé : La joie et le bonheur de vivre. Chaque mercredi, ces aînés organisent des activités ; un jour, ils sont allés visiter l'Oratoire Saint-Joseph. Des activités qui leur permettent de connaître leur terre d'accueil et de s'en approprier l'histoire religieuse et culturelle.

DES MANQUES, VOIES DE DIEU ?

« Nous vous avons laissé des murs et des bancs ». Voilà ce que m'avait dit une ancienne paroissienne de la paroisse Saint-Albert-le-Grand. Effectivement, en arrivant dans cette église, il ne s’y trouvait plus ni burette, ni purificatoire, ni manuterge, ni calice, ni ciboire, ni crucifix, ni chemin de croix, ni tabernacle, etc.  Au presbytère, des armoires et des pièces vides… ni assiettes, ni fourchettes, ni couteaux, ni table, ni bureau, ni chaises, ni lit, ni draps, etc. Il fallait non seulement rénover, mais meubler... Pas d'organisation pastorale et administrative. Pas de personnel ni de bénévoles compétents... Pas d'argent pour en engager ! L'expression des disciples de Jésus : « où pouvons-nous trouver de quoi manger pour tant monde dans un tel lieu désert », prenait tout son sens. Dieu passe par nos manques pour nous donner de compter totalement sur Lui.

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Dieu passe par nos manques pour nous obliger à donner nos mains, nos cœurs, notre temps!

PRATIQUE RELIGIEUSE ET NOMBRE DE PRATIQUANTS…

Quand on parle de pratique religieuse, on pense souvent aux chrétiens et chrétiennes qui prennent part à la messe dominicale. Combien de chrétiens assistent à vos assemblées du dimanche ? C'est la question qui m'est souvent posée. La crainte que je ressens, en répondant à cette question, c'est de laisser libre cours au culte du nombre de pratiquants. Ce n'est pas parce qu'il y a moins de personnes dans une messe que cette dernière a moins de qualité. Il ne s'agit pas de savoir combien de gens viennent à la messe. Il s'agit plutôt de savoir combien de gens nous pouvons rejoindre et qui seront heureux de célébrer leur foi. C'est toute une perspective missionnaire d'évangélisation qui est mise de l'avant. Aller vers les gens. Témoigner de ce qui nous fait vivre. Miser sur les forces des uns et des autres.

PRATIQUER L’UNITÉ… DANS LA DIVERSITÉ…

Beaucoup de gens, lorsqu'ils apprennent qu'il y a une messe aux couleurs congolaises, burundaises et camerounaises, etc., sont surpris, parfois déçus : mais pourquoi ne faites-vous pas une seule messe pour tous les Africains ? Je réponds : « mais l’Afrique compte plusieurs pays et, dans un même pays,  il peut y avoir jusqu'à 400 langues et dialectes. Multiplions cela par autant de pays africains, autant de cultures et de sous-cultures... En quelle langue peut-on dire la messe pour être compris par tous les Africains ». À la Mission Notre-Dame-d'Afrique, nous célébrons dans une diversité de langues.

UNE ÉPOUSE ET UNE MÈRE DANS LE DÉCOR !

La Mission a été érigée canoniquement pour accueillir, rassembler et offrir un espace de célébration aux Africains du diocèse de Montréal. Or, tous les Africains font déjà partie d’une paroisse territoriale, celle du quartier où ils résident. Souvent, certains avouent qu'ils ne savent pas choisir entre leur paroisse territoriale et la Mission qui est extraterritoriale. Surtout, lorsqu'ils sont impliqués et très intégrés... « La Mission, leur dis-je, est comme une mère. La paroisse territoriale est comme leur épouse. Les deux, la mère et l'épouse, ont besoin de l'amour du fils qui est en même temps l'époux. Ceux qui sont impliqués et qui se sentent bien dans leur paroisse territoriale doivent continuer à la fréquenter... Ils sont bienvenus à la Mission lorsqu'ils veulent vivre une célébration aux couleurs africaines, tout comme sont bien accueillis croyants et croyantes d’autres paroisses ».

UN CLIN D’ŒIL DE DIEU

À la lumière de ce qui précède, la présence de la Mission dans le diocèse est un clin d'œil de Dieu, dans notre société sous la mouvance de l'Esprit, en quête de sens. Souvent quand on parle des Noirs, c'est pour les étiqueter comme ceux qui apportent des problèmes à leur société d'accueil. Pour sa part, la Mission propose un chemin à emprunter pour faire valoir ce qu'ils apportent de beau et de bon comme cadeau pour contribuer à faire de leur terre d'accueil une société de plus en plus juste et humaine… Par leur différence, ne contribuent-ils pas aussi à enrichir la vitalité de l’Église locale et diocésaine. 

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Oui, suis-je heureux de vivre la Mission Notre-Dame-d'Afrique comme une communauté chrétienne diocésaine ouverte à toutes et à tous sans exclusion !

vol. 119, no 4 • 15 juillet 2014

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