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EN PLEINE ACTION

D’LA MISÉRICORDE EN QUALITÉ ET EN QUALITÉ

Jean, sourd et muet, est décédé en juillet à l’âge de 77 ans. Lors de son décès, je fus invité le 6 juillet par la famille, par le biais de la résidence funéraire, à présider une liturgie de la Parole au salon même. Quel ne fut pas mon étonnement de voir et d’entendre les membres de « sa famille », lui qui n’avait pas de famille. En effet, Jean n’avait aucune trace de famille de sang, il était sous la curatelle publique, ce qui laisse présager un abandon dès sa naissance. Les recherches policières n’ont trouvé aucun lien de famille. Yvon et Pierrette, avec leurs enfants Sylvain, Chantal et Nancy, étaient devenus « sa famille ». Et cette relation affective était foncièrement réciproque pour tous.
« Jean sera toujours avec nous, au-delà de la mort, et il est impossible à ôter de mon cœur. Jean était chez lui chez nous ». Et les petits enfants du couple, Simon, Kim et Jonathan sont en deuil d’un oncle en la personne de Jean.

De l’histoire de Jean, on connait peu de choses. On sait, par ailleurs, qu’il a été interné au centre hospitalier Louis-Hippolyte-Lafontaine à l’âge de 6 ans, comme enfant lourdement handicapé.

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Pierrette et Yvon avaient une bonne réputation comme famille d’accueil qui les a suivis. Après avoir abandonné leur statut de famille d’accueil, ils ont été réquisitionnés pour prendre Jean, alors âgé de 56 ans. Les intervenantes sociales vont aller leur demander : Feriez-vous, en votre maison en construction, un espace pour Jean? Et ces mêmes intervenantes parlaient d’une question de vie ou de mort pour Jean selon qu’il demeurerait ou non avec eux. On peut présumer que Jean avait vécu des situations de toutes espèces en ses 56 ans d’âge avant d’emménager chez ceux qu’il est convenu d’appeler maintenant « sa famille ».

Pierrette et Yvon ont gardé Jean pendant 21 ans, en ouvrant leurs enfants et petits enfants à leur mission d’accueil du frère handicapé. Ils ont vite appris le langage de la tendresse et de la miséricorde pour intégrer Jean à la famille. Jean avait comme unique parole un grognement pour exprimer ses joies, ses besoins, ses peines, ses souffrances. Comme audition, il n’en avait que de ses yeux pleins de lumière et de bonté. Lors du décès, la peine et la tristesse se lisaient  sur tous les visages. Tous les membres de la famille et de la famille élargie ont été les artisans d’une intégration de Jean à une vie sociale et familiale authentique. Sur leurs lèvres et du fond du cœur, on partageait  des mots aussi touchants que ceux-ci : « Jean était notre fils, notre frère par amour ». L’amour donne la vie, Jésus l’a bien dit.

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Et l’histoire continue. Sylvain, Chantal et Nancy, les enfants de Pierrette et Yvon parlaient de leur frère Jean. Ils n’avaient de mots que « famille et frère » pour parler de Jean. « Il était notre frère, un membre de la famille à part entière. Jean a vécu les 21 dernières années de sa vie avec des parents au cœur « gros comme ça ». Toujours sur les lèvres de Pierrette, les paroles fortes sont l’expression de la miséricorde authentique et absolue : « Jean sera toujours avec nous, au-delà de la mort, et il est impossible à ôter de mon cœur. Jean était chez lui chez nous ». Et les petits enfants du couple, Simon, Kim et Jonathan sont en deuil d’un oncle en la personne de Jean.

Tous les membres de la famille, de la famille élargie et des voisins, sont profondément émus en affirmant à l’unanimité qu’ils gardent en mémoire  la bonté et le sourire de Jean. Jean pourtant réclamait une attention semblable à celle d’un enfant, une présence constante. C’est précisément cela qui le rendait attachant, puisqu’à la différence d’un jeune enfant, reconnaissance et bonté et remerciements étaient, de sa part, au rendez-vous de tous ses contacts. Et que dire de sa poignée de main inoubliable, qu’il laisse en mémorial à tous ceux qui l’ont approché, de s’exclamer toutes les personnes présentes à la prière.

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Les êtres de miséricorde dont il est question dans ce court texte habitent une maison bien ordinaire, dans une rue bien ordinaire. Il vous est possible de devenir « une personne bien ordinaire ».

vol. 121, no 4 • 15 décembre 2016

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