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LE NOËL D’ANNE-SOPHIE ET DE JEAN-MARC[1]

RENAUDE GRÉGOIRE

Une vraie histoire de Noël qui illustre bien que ce sont les pauvres qui nous dévoilent là où Jésus naîtrait aujourd’hui.

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[1] Note : Les noms ont été changés pour préserver l’identité des personnes. 

Depuis le début de sa vie adulte, Anne-Sophie doit composer avec une maladie mentale.  Elle se bat tous les jours contre des pensées sombres et quelques jours le ciel est un peu plus bleu comme ses yeux. Anne-Sophie ne peut pas travailler, elle alterne entre sa maison de chambre et des séjours à l’hôpital. Sa foi est grande dans les épreuves.  Un jour, elle me raconte son plus beau Noël.  Je me disais que cela devait être un voyage, un gros cadeau ou un héritage.  Rien de tout cela. 

Son histoire est une vraie histoire de Noël et illustre bien que ce sont les pauvres qui nous dévoilent là où Jésus naîtrait aujourd’hui. Comme saint François l’a fait avec sa première nativité avec les gens de son village.

SON PLUS BEAU NOËL

C’est le 24 décembre. Anne-Sophie veut aller rejoindre un groupe d’amis qui se rassemblent pour souligner la naissance du Sauveur hors du centre-ville de Québec.  Elle doit prendre l’autobus et le temps n’est pas très favorable.  Anne-Sophie manque son transport, le dernier autobus, et en larmes, entre dans une pharmacie pour se réchauffer un peu. La caissière lui demande ce qui ne va pas et essaie de la consoler. Et finalement lui dit : « Ne reste pas comme cela, va voir, va visiter quelqu’un. »

Puis, en séchant ses larmes, Anne-Sophie pense à son ami Jean-Marc qui se trouve seul ce soir et qui habite dans le quartier.  Malgré le mauvais temps, elle décide de lui rendre visite.

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LA RENCONTRE DE JÉSUS

Jean-Marc a des défis de santé mentale majeurs, et contrairement à Anne-Sophie, il n’a pas vraiment de gens ou de réseau pour le soutenir.

Anne-Sophie frappe à la porte de son ami et celui-ci lui ouvre. Il est seul dans sa petite chambre très vieillotte dont il peine à prendre soin.  C’est tout ce qu’il peut se payer et c’est un des rares propriétaires qui l’accepte. Pas de lumière dans sa minuscule toilette. Il avait placé une petite banderole pour souligner Noël. Sur la table, pour ce repas de réveillon improvisé, un reste de sac de chip et une liqueur à partager.  Jean-Marc est toujours assis sur la même chaise et Anne-Sophie sur un petit banc. Quelques mots échangés, une belle amitié se manifeste.  Anne-Sophie ne ressent plus la peine d’avoir manqué son autobus.  Encore aujourd’hui, elle me dit : « C’est mon plus beau Noël.  C’est là que j’ai rencontré Jésus » Oui, c’est là que Jésus est né en ce 24 décembre, dans le cœur de ces deux amis dont la vie tient grâce à des gestes simples comme l’accueil, l’acceptation et l’écoute.

Aujourd’hui, en pensant à ce Noël, Anne-Sophie porte encore la peine de l’absence de son ami Jean-Marc qui était bien seul dans sa maladie et dans sa mort.  Elle se trouve chanceuse d’avoir de bons amis et un réseau de personnes croyantes qui l’accueillent dans ses difficultés et ses joies. Souvent Anne-Sophie demande à Jean-Marc de l’aider, car il était comme le pauvre Lazare mais qui se trouve auprès du Seigneur.

JÉSUS AUJOURD’HUI

Pour ma part, Anne-Sophie me révèle l’Évangile de Jésus aujourd’hui.  Et Noël, c’est dans le cœur des gens qui s’accueillent et n’ont pas peur de la différence. Pour moi, c’est aussi Noël, chaque fois que je vais prendre un café avec Anne-Sophie qui me raconte comment elle prend de l’assurance, qu’elle ne voit plus de contradiction entre sa foi chrétienne et les pas vers plus d’autonomie et de joie. Et qu’elle passera le prochain jour de Noël en compagnie de sans-abris pour les écouter.

vol. 129, no 3 • Décembre 2024

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