Qui n’a pas vu une image de saint François au pied d’un crucifix, méditant sur la Passion du Christ ? Cela nous semble assez naturel de la part de quelqu’un qui a été marqué des blessures du Christ (les stigmates) – aux mains, aux pieds et au côté. Sauf que…
La plupart de ces peintures (ou sculptures) montre un Christ déjà mort. Or ce n’est qu’après la mort de François que ce genre d’image s’est répandu en Italie. Auparavant on préférait représenter le Christ en gloire – ou, à l’occasion, la croix glorieuse, sans image du Christ mais couverte de pierres précieuses.
Si les images populaires nous montrent François en train de méditer devant un crucifix, il faut se rappeler qu’en fait il commençait toujours par le rappel du Christ dans la gloire – et cela sept fois par jour.
LA CROIX DE SAINT-DAMIEN
François a cependant connu une image du Christ en croix qui est devenue célèbre grâce à l’expérience qu’il en a faite. Il s’agit de la grande croix qui se trouvait dans la petite église dédiée à Saint-Damien, pas très loin d’Assise. C’est en priant devant cette image qu’il a entendu le Christ lui confier la mission de sa vie : Va, François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine.
Cette croix représente le passage entre la croix glorieuse et celle sur laquelle pend le Christ mort. Le Christ y est cloué à la croix, son côté a été percé (donc il est mort), mais en fait il est vivant – au-delà de la mort. D’ailleurs au-dessus de la tête du Christ se trouve une petite image de l’Ascension : la main du Père sort d’un nuage pour prendre celle du Fils et l’emporter dans sa gloire.
photo@BenCap
UNE CONTEMPLATION QUOTIDIENNE
C’est probablement cette croix de Saint-Damien qui a inspiré François quand il s’est donné une petite méthode de contempler chaque jour les mystères du Christ. Après avoir récité le Notre Père, il priait un texte où il contemplait le Christ, l’Agneau de Dieu, debout près du trône de Dieu et acclamé par toute la création. Puis, dans une prière adressée à la sainte Vierge Marie, il reconnaît que le Christ est son Seigneur et Maître. Enfin, dans une série de psaumes il entend ce Seigneur et Maître lui enseigner comment il est parvenu là où il est maintenant, auprès du Père – en passant par la Passion et la mort.
Ce parcours contemplatif, François l’employait sept fois chaque jour. Il avait composé un psaume pour chacun de ces moments de méditation. Le premier rappelait la prière de Jésus et son arrestation au Jardin des Oliviers, dans les autres il suivait le Christ dans divers moments de la Passion pour terminer avec le septième dans lequel il acclamait le Christ ressuscité et entré dans la gloire du Père. Mais chaque fois il commençait avec ses louanges à l’Agneau de Dieu.
Donc, si les images populaires nous montrent François en train de méditer devant un crucifix, il faut se rappeler qu’en fait il commençait toujours par le rappel du Christ dans la gloire – et cela sept fois par jour. On peut parier que c’est cette façon de contempler d’abord Christ rendu au terme de sa mission qui a inspiré et soutenu François dans son propre parcours où il a de fait rencontré la Croix …jusqu’à en être marqué dans son corps. Cette façon de méditer la Passion du Christ peut s’avérer précieuse pour nous aussi.
Ceux et celles qui voudraient en connaître davantage sur cette méthode de François où l’on passe de la Gloire à la Croix pourront se référer au livre suivant, publié chez Médiaspaul : Saint François d’Assise – Office de la Passion, dans lequel j’ai présenté et commenté tous les textes qu’il a composés pour sa contemplation quotidienne du Christ, selon les diverses saisons de l’année liturgique.