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GENS QUI INSPIRENT

LES CHEMINS CHANGENT, LA PASSION DEMEURE...

Nous avons suivi précédemment Mariette Milot dans son milieu familial, puis, enseignante dans son village, toujours éprise de justice et passionnée pour l’Évangile et pour le monde. Les récits missionnaires ont éveillé en elle le désir d’entrer chez les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge à Nicolet.

Nous la retrouvons au Brésil à 30 ans. 

Mariette est envoyée à Maceio, pour participer à la création de communautés de base, lieu béni où la Parole prend toute sa force et permet la prise en charge par le peuple lui-même, du changement des terribles structures de misère qui l’accablent. Voir ces gens pauvres se prendre en main, se libérer du pouvoir oppresseur, lutter de toutes leurs forces pour que le milieu devienne plus humain… et avoir l’occasion d’y participer : une chance unique, écrit-elle. « Je me souviens de m’être arrêtée en plein milieu du chemin en brousse et de m’être parlée avec une émotion rare : je suis donc bien heureuse, moi ! »

« Je me souviens de m’être arrêtée en plein milieu du chemin en brousse et de m’être parlée avec une émotion rare : je suis donc bien heureuse, moi ! »

Ce pays de tant de grâces, il lui semblait n’avoir jamais à le quitter tellement elle y était insérée et profondément engagée. Douce illusion vite envolée car l’appel de sa congrégation à occuper un poste au conseil général rafraîchit un peu ses élans et l’oblige à prendre un nouveau tournant, persuadée que l’Évangile n’a pas de problème de lieu, ni de fonction. Belle découverte qui la relance avec la même passion et lui permet d’élargir ses horizons à la grandeur du monde. Une pensée venant de son illustre mentor, Helder Camara, évêque brésilien des plus pauvres, la poursuit sans cesse : « si vous voulez que les choses changent dans les pays du Sud, il faut d’abord commencer chez vous, au Nord ». Cette phrase la meurtrie et elle n’arrive pas à s’en libérer : À quoi ça sert d’aller là-bas, se dit-elle, si l’ouvrage est d’abord ici ?

SOLIDARITÉ

Le mot SOLIDARITÉ entre alors en elle et il devient le nouveau nom de son engagement à changer le monde. Créer des liens, jeter des ponts, mettre les gens en communication, leur permettre d’être avec et pour les délaissés de la vie, donner toute sa valeur à la personne humaine, n’est-ce pas l’essence de l’Évangile ? N’est-ce pas ce que Jésus de Nazareth a vécu et nous a donné comme programme ? Pas besoin d’aller aux confins du monde, pas besoin de courir les rues… juste s’ouvrir les yeux, juste laisser son cœur vibrer ! L’épine dans la chair de saint Paul ne ressemblerait-elle pas à cela ?

 

Un jour, le diocèse envoie Mariette avec une douzaine de personnes en visite de solidarité chez les « sans-terre » au Brésil. Ces Québécois se retrouvent dans un campement de soixante familles chassées de leur terre par les grands propriétaires de canne à sucre. Depuis huit ans, ces gens essaient d’obtenir du gouvernement l’autorisation de s’installer sur des terres libres. Ils ont essuyé toutes sortes d’épreuves provoquées par les seigneurs de la terre : cabanes brûlées, saccages de leurs plantations, menaces quotidiennes… « Nous pensions, écrit-elle, trouver là des gens écrasés, en larmes, découragés. Au contraire, ce sont des cris de joie, des embrassades chaleureuses qui nous accueillent ».

«ON CROIT QU’IL EST TOUJOURS AVEC NOUS AUTRES»

Léda, une femme analphabète, nous interprète la chanson qu’elle a composée. Nous n’avons pas le choix d’entrer dans la danse. Notre évêque demande : Comment faites-vous pour chanter comme ça dans les conditions de vie qui sont les vôtres ? Riant à pleine gorge, Léda lui répond : « Mais, Monseigneur, ce n’est pas difficile à expliquer : Nous autres, on croit au bon Dieu… On croit qu’il est toujours avec nous autres et qu’il nous aide, qu’il nous donne des idées, qu’il nous protège. Le bon Dieu ne fait pas l’ouvrage à notre place, c’est nous qui luttons, qui nous battons pour obtenir nos droits ; c’est nous autres qui sommes capables de changer nos conditions de vie. Puis maintenant, il y a vous autres, des gens du Canada venus jusque chez nous pour nous dire qu’on est important pour vous ».

VOUS NE TROUVEZ PAS QUE ÇA VAUT LA PEINE DE CHANTER ?

vol. 122, no 4 • Décembre 2017

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