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PAROLES DE CLAIRE ET FRANÇOIS

FRANCINE VINCENT

avec les témoignages de Chantale Boivin, Claire Du Mesnil et Nicole Senécal Doucet

EXPÉRIENCE D’ASSISE 2016

SUR LES PAS DE FRANÇOIS ET CLAIRE D’ASSISE

En septembre dernier, j’ai eu le privilège de vivre pour une troisième fois l’Expérience d’Assise. En 2010, j’y suis allée en tant que pèlerine, en 2013 comme membre de l’équipe d’animation, et cette année comme responsable de mission. Un groupe de 19 pèlerins, incluant une équipe d’animation formée de Marie Dandurand s.f.a., Néhémie Prybinski o.f.m., et moi même, Francine Vincent, femme passionnée ayant un cœur franciscain.
Tout au long du séjour, les pèlerins ont vécu de belles expériences « coup de cœur » . J’ai demandé à trois d’entre elles de témoigner de ce qui leur reste après 19 jours de spiritualité franciscaine.  Il s’agit de Chantale Boivin, Claire Du Mesnil et Nicole Senécal Doucet.

C’est toujours une grande joie pour moi de mettre mes pas dans ceux de François et de Claire. Chaque fois, je sens leur présence et mon être profond est rempli d’une grande paix. Je suis profondément touchée chaque fois que je me retrouve assise dans ces lieux, au creux d’une faille de montagne, dans une grotte, sur un sentier de la route de San Francesco, où les chants d’oiseaux m’enchantent, où la beauté des paysages m’émerveille, où le silence, le précieux silence se fait entendre. Cette année, en entrant dans la ville d’Assise, je me suis sentie comme chez moi. J’étais habitée d’un grand bien-être et d’une paix véritable.

Nous avions un groupe formidable, des personnes venant d’un peu partout au Québec et aussi une nouvelle petite sœur de la Pologne. En peu de temps, nous étions devenus une grande famille, prenant soin les uns des autres, s’inquiétant de l’un, rassurant l’autre. Père Néhémie avait eu la brillante idée, dès le début du voyage, de fêter une personne par jour : La messe serait à ses intentions, elle recevrait tous les honneurs du jubilaire, on lui chanterait un joyeux anniversaire et on aurait pour elle de délicates attentions tout au long de la journée.  Ce fut génial !

J’ai également expérimenté l’abandon dans le Seigneur, à l’image de saint François. Les temps de prière, les eucharisties, le silence, la beauté de la création m’ont beaucoup aidée à lâcher prise, à réaliser combien le Seigneur est grand et combien il nous aime, nous ses enfants. J’ai fait tout ce que j’étais en mesure de faire… et Dieu s’est occupé du reste.  Au retour de l’Expérience d’Assise, j’ai comme  eu le goût de continuer à m’abandonner entre les mains de Dieu. C’est tellement reposant et rassurant!

UN FAUX DÉPART… UN RETOUR EN FORCE

Témoignage de Chantale Boivin

Marcher « sur les pas de Francois et Claire d'Assise » en Italie, était pour moi une belle façon de découvrir la spiritualité franciscaine. Malheureusement, je n’ai pas pu partir avec le groupe, ayant dû annuler mon vol à la dernière minute pour cause de maladie. Ce fut difficile de prendre cette décision mais dès ce moment, j'ai senti un grand soutien de tout le groupe par la prière. Si bien, que j'ai pu le rejoindre trois jours plus tard à Rome. Une résurrection! À mon arrivée, je me suis sentie accueillie par tous les membres du groupe. Déjà s’installait une belle fraternité entre nous.

Le pèlerinage continue ! Le lendemain de mon arrivée, nous partons pour la vallée de Rieti. Un endroit magnifique! L'accueil chaleureux de Sr Ettorina nous a rapidement aidés à entrer dans la démarche spirituelle franciscaine. Je garde un précieux souvenir des petites  sœurs de la communauté du Très saint cœur de Jésus. Par la suite, nous avons visité les quatre sanctuaires de la vallée de Rieti : Puggio Bustone, La Foresta, Fonte Colombo et Greccio.

Dans les pas de François

De chacun de ses sanctuaires, situés dans la montagne, nous pouvions admirer la nature  et contempler des paysages à couper le souffle. Chacun de ces sanctuaires nous racontait une partie de la vie de François et de Claire. Je me suis laissé imprégner de cette présence et je sentais une grande paix m'habiter. Me retrouver seule, en prière, dans des lieux qui ont été foulés par François, particulièrement dans les grottes et les failles de montagne où il aimait se retrouver, aura été pour moi des moments importants de foi et de rencontre avec Dieu.

Sur les pas de François, j'ai goûté peu à peu à cette belle spiritualité de la pauvreté. Cela me paraissait inatteignable et tellement exigeant, mais Francine (une de nos animatrices) nous avait suggéré de nous inspirer et de nous laisser toucher, sans forcer, par les gestes, les attitudes et les paroles de saint François. Je retiens particulièrement qu'il faut développer la communion entre nous, afin d’être à l'écoute les uns des autres, poser des gestes de partage et d’entraide,   se laisser inspirer de l'Évangile pour devenir une meilleure personne. Je crois avoir vécu ce que François appelle la fraternité tout au long du pèlerinage, en harmonie et en solidarité avec ma nouvelle famille franciscaine, les pèlerins du groupe.

Cultiver la relation

Mon moment le plus fort a été la bénédiction de saint François que j'ai reçue à Saint-Damien, dans la salle dortoir là où Claire a rendu son dernier souffle. Encore une fois, ce Dieu de Jésus-Christ est venu me rejoindre au plus profond de mon cœur. Tant d’amour et de miséricorde! J’ai ressentie, encore une fois, combien ll m'aime et m'accueille dans tout ce que je suis !  Cette bénédiction, reprise de textes bibliques, est une bénédiction que François  adressait à frère Léon, en appelant sur lui la bonté et la tendresse de Dieu. «Que Dieu te bénisse et te garde. Qu'il te montre sa face et t'accorde sa grâce. Qu'il lève son visage vers toi et te donne la paix.» Cette bénédiction s’adresse encore aujourd’hui à tous ceux et celles qui veulent vivre de son esprit.

Avant d’entreprendre le pèlerinage, j’avais une idée plutôt peace and love de saint François. Certes, j’avais lu le très beau livre de Éloi Leclerc, La Sagesse d’un pauvre, qui explique bien la spiritualité franciscaine et le déchirement vécu par François devant la dissidence de la communauté naissante. Mais je crois bien que le film de Zeffirelli, François et le chemin du soleil, sorti en 1972, m’avait davantage marquée. François courant avec Claire dans les champs de fleurs, heureux, vivant l’amour universel, reconstruisant tout sourire la petite église de Saint-Damien. Un film reflétant bien l’esprit des années 70 !

Si on ne peut douter que la joie du Seigneur l’habitait, sa vie fut pourtant loin d’être rose et de tout repos… Au fil du pèlerinage, en découvrant les monastères qu’il a fondés, souvent à flanc de montagne et en des lieux reculés du pays, et les conditions de vie qu’il s’est infligées dans sa quête de pauvreté et de conformité à l’évangile, j’ai compris que son ministère fut difficile et jonché d’épreuves. François a vécu une certaine radicalité dans son amour du Christ. Il a souffert et, étonnamment, malgré le grand respect qu’il vouait à la création, il ne ménageait pas ses énergies et ses capacités. À la fin de sa vie, il aurait d’ailleurs demandé pardon à son corps pour ne pas en avoir pris soin suffisamment.

Ce sacrifice extrême de sa vie m’a profondément touchée. Il s’est véritablement donné au Christ et toute sa vie durant, il a voulu témoigner de cet amour divin. En cela, François exerce sur moi une grande fascination. Son œuvre perdure avec autant d’acuité et de pertinence qu’à son époque. Il est inspirant pour quiconque souhaite la paix sur terre, le dialogue entre les nations et les différentes religions et surtout vivre et partager l’amour du Christ avec les plus démunis, les pauvres et les sans voix. Cela François s’y est employé sans compter.

On ne saurait dissocier François de Claire, sa compagne spirituelle des premiers jours. Sainte Claire, qui contrairement à François a eu une vie plutôt sédentaire, est aussi inspirante par sa grande foi et son désir de vivre l’évangile auprès de ses sœurs. J’étais très émue de découvrir la châsse de sainte Claire dans la basilique Sainte Claire à Assise. Et que dire de notre visite à Saint-Damien, là où elle a vécu et offert son dernier souffle. Il me semblait qu’elle était là à nous accueillir, douce et souriante.

Enfin, à travers ce pèlerinage franciscain, j’ai vécu le plus bel héritage de François : la fraternité. Notre groupe a partagé de beaux moments de visites bien sûr, mais également de prières, de rires, de silence et d’attention les uns aux autres. Nous avons créé des liens. Ce fut une expérience riche et chaleureuse.

On ne peut s’aventurer sur les pas de François et Claire sans en être profondément transformé. Ce sont des êtres de feu qui ne cessent d’irradier sur notre monde. Leur lumière m’accompagne pour longtemps.

MON COUP DE CŒUR : CARCERI
Témoignage de Nicole Senécal Doucet

En 2016, Jean-Paul et moi fêtions notre 50e anniversaire de mariage. À cette occasion, nous avons décidé d’un commun accord de nous offrir ce magnifique cadeau, celui de vivre l’Expérience spirituelle franciscaine d’Assise

J’ai grandement apprécié ma visite aux Carceri. Une célébration de l’Eucharistie, dans la nature, dans un lieu déjà fréquenté par Saint-François, fut un moment fort, touchant et inspirant.  Dans ce lieu de prière, toute la nature me parlait de Dieu… (même le renard qui voulait passer inaperçu).

François, c’est celui qui nous apprend à regarder, dans la nature, les traces de Dieu. Il a un amour extraordinaire pour toute la création et se comporte comme un frère de toutes les créatures.  Cette expérience spirituelle vécue sur les pas de François d’Assise  m’encourage à rendre grâce et à louer le Seigneur pour tout ce qu’il y a eu de beau et de grand dans ma vie.  J’ai réalisé que saint François est souvent présent et que je l’ai rencontré à divers moments de ma vie.  Je reconnais qu’il est un témoin de l’Évangile important pour moi…

  • Il a donné espoir aux pauvres, aux exclus…

  • Il a chanté la beauté de la création…

  • Il a choisi de vivre la fraternité dans la simplicité et la joie.

François revient toujours à cette source première : Comment accueillir cette 
Bonne Nouvelle et l’annoncer à nos frères et sœurs dans le Christ.


Cette réflexion  m’interpelle aujourd’hui…
« Comment puis-je vivre dans l’espérance, une foi chrétienne adaptée à notre temps… »


Une vie fondée sur la relation à Dieu, Père plein de miséricorde, l’accueil de l’autre, le souci des pauvres et des démunis?

François sera toujours là pour éclairer ma vie et mes choix.  Malgré les siècles écoulés, il demeure bien vivant, un de ces hommes pour qui l’Évangile est une Bonne Nouvelle pour tous… « une source de profonds renouveaux ».

vol. 121, no 4 • 15 décembre 2016

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