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NOËL ET LA FUITE EN ÉGYPTE

P. BENJAMIN ÉBODÉ ONAMBÉLÉ, msa

« Célébrer Noël serait prendre conscience que celui

qui accueille un immigrant accueille Jésus lui-même. »

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Il est né, le divin Enfant qui attire les curiosités des quatre coins du monde. Malgré qu’il soit né dans la nuit de la discrétion, il est la lumière du soleil levant qui vient visiter l’humanité plongé dans les ténèbres d’une vie en quête de sens. Ceux qui savent lire les signes des temps, ne tarderont pas à se précipiter à Bethléhem pour savourer la joie des cœurs sincères. La visite des mages va mobiliser Jérusalem et faire consulter les Écritures, pour déterminer avec exactitude le lieu prédit par les prophètes pour la naissance du Messie. Avec l’arrivée des mages et l’annonce d’une nouvelle naissance au roi Hérode, la joie sera de courte durée.
IL FAUT FUIR

En effet, dans son évangile, saint Matthieu nous rappelle que, quelques jours après la naissance de Jésus, la Sainte Famille avait reçu la visite des Mages venus d’Orient (Mt. 2, 1), dont la présence à Jérusalem a fait découvrir au roi Hérode, qu’un nouveau roi des Juifs venait de naître; furieux, Hérode ordonna l’exécution des nouveaux nés de moins de deux ans (Mt 2, 16). C’est dans ce contexte que Dieu va envoyer un ange en songe à Joseph, pour lui demander de fuir en Égypte, avec l’enfant et sa mère, jusqu’à la mort d’Hérode, pour épargner l’Enfant Jésus de cette rage meurtrière, ce que fit Joseph (Mt 2, 13). La terre d’Égypte recevra ainsi une bénédiction spéciale, qui s’ajoute à ce que dégageait déjà ce pays, berceau de la connaissance et de la civilisation.

 

Par cette fuite en Égypte, la Sainte Famille, à l’image de plusieurs familles du monde actuel, a été contrainte de quitter son pays, sa parenté, sa zone de confort, pour aller dans un pays autre, une terre inconnue; c’est une véritable plongée dans une aventure, presque sans lendemain. La raison qui pousse la Sainte Famille à s’embarquer dans cette aventure, est bien évidement, la rage meurtrière d’un roi mégalomane.

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IMMIGRANT PARMI LES IMMIGRANTS

Aujourd’hui, il y a plusieurs familles, plusieurs personnes, plusieurs groupes de personnes, qui quittent leur pays, à la recherche d’un monde meilleur, non parce qu’elles veulent, mais pour les raisons de survie. Les guerres, les catastrophes naturelles, les violences de toutes sortes, la famine, la mauvaise gouvernance, le chômage, sont autant de raisons qui obligent les gens à partir.

 

Jésus n’est pas sorti de son milieu de vie de gré, mais parce qu’il fallait sauver une vie, qui par conséquent, sauvera l’humanité. Il est donc l’immigrant parmi les immigrants, il fait partie de cette foule immense de personnes qui bravent les aléas climatiques et frontaliers au péril de leur santé et de leur vie, portée par l’espoir d’un ailleurs meilleur.  

 

La Sainte Famille a été accueilli en Égypte, et y est resté jusqu’à la mort d’Hérode. En chacun des immigrants, se trouve l’enfant Jésus, nouveau-né, dont le regard d’appel à l’aide interpelle chacun de nous.

NOËL… ACCUEILLIR JÉSUS IMMIGRANT

L’actualité aujourd’hui, nous fait réaliser qu’il n’est plus facile, voire impossible d’aller à la recherche d’un nouveau monde meilleur, plusieurs slogans anti-immigration sont brandis parfois subtilement, par certains politiques. Au milieu de toute cette réalité migratoire, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, comment pouvons-nous célébrer Noël le cœur net et tranquille, indifférents aux bruits de ceux et celles qui lancent un cri d’appel à l’aide ?

 

Célébrer Noël dans ce contexte, c’est prendre conscience que nous avons tous déjà été immigrants de près ou de loin. Célébrer Noël, consisterait aussi à ouvrir nos cœurs pour laisser passer le chemin d’un immigrant, sans toit, sans manteau, sans pain, sans sourire. Célébrer Noël serait, accepter d’accueillir celui qui n’aura pas de place dans la salle commune. Célébrer Noël serait, accepter de se faire déranger dans son confort, se laisser bousculer dans ses habitudes en donnant un peu d’humanité et de sourire à ceux qui en ont besoin. Célébrer Noël serait, prendre conscience que celui qui accueille un immigrant, accueille Jésus lui-même, et celui qui accueille Jésus, accueille Dieu le Père, et celui qui accueille Dieu le Père s’accueille, car la présence de Dieu en nous, nous aide à devenir la meilleure version de nous-mêmes.

 

Joyeux Noël !

vol. 129, no 3 • Décembre 2024

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