Sitôt son ordination à la prêtrise en 1946, il passe quelques mois à la Mission de France, alors qu’il travaille dans les mines où il contracte la tuberculose. La santé recouvrée, on l’envoie en mission dans un camp de sans-logis à Noisy-le-Grand. C’est là qu’avec 252 familles vivant dans de véritables taudis, il fonde en 1957 le mouvement ATD – Quart Monde (Aide à Toute Détresse). À qui serait peu familier avec l’expression « quart monde », précisons qu’il s’agit de « la frange la plus pauvre d’une population donnée, dont elle ressent l’exclusion »[3].

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Débute alors « une action … portée par les pauvres eux-mêmes et par des centaines de volontaires permanents. »[4]

Au fil de sa cohabitation avec ces familles, il rassemble nombre de leurs témoignages dans un livre intitulé Paroles pour demain. L’auteur y vise tout autant à « se faire la voix des enfants de la misère… (qu’à) ouvrir les yeux (des gens favorisés pour leur faire) voir et entendre ce qui apparaît incroyable et insupportable. »[5]

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Entendre une mère exprimer : « Je voudrais pas que leur vie soit pourrie comme la mienne » (p. 33) ne peut que nous arracher des sentiments de compassion. Ailleurs dans l’ouvrage, l’auteur évoque la crainte de parents qu’on leur enlève leur fille de 12 ans afin de la placer en famille d’accueil parce qu’elle manquait souvent l’école pour aider sa mère malade. (p.11) Dans d’autres cas, des familles endettées vivaient avec la hantise de se faire couper l’eau et le gaz.

Motivé par la certitude que « La misère est l’oeuvre des hommes (et que) seuls les hommes peuvent la détruire »[6], Joseph Wresinski aura gagné modestement de la notoriété pour toucher ses compatriotes au point qu’il devienne membre du Conseil économique et social de la République française à partir de 1979.