RÉAPPRENDRE À FAIRE ROUTE ENSEMBLE
Diocèse de Saint-Hyacinthe
STÉPHANIE BERNIER, AGENTE DE PASTORALE LAÏQUE
Au printemps 2021, le Pape François annonçait une démarche unique dans l’histoire de l’Église. Il invitait tout le peuple de Dieu à entrer dans une première phase de concertation en vue d’un synode qui aurait lieu en octobre 2023.
« Enfin ! Notre Église nous écoute et nous consulte ! »
Bien sûr, l’Église n’en est pas à son premier synode ! Cependant, pour celui-ci, ce n’était pas seulement les évêques ou les prêtres ou même les laïcs mandatés qui devaient être consultés, c’était, autant que possible, tous les membres du peuple de Dieu qui devaient être consultés. Le Pape François nous invitait ainsi à réapprendre le chemin de l’être chrétien ensemble, simplement. Pour atteindre son objectif, il nous invitait à créer des espaces de rencontre et d’écoute mutuelle...
Pour donner suite à la demande du Pape François, Mgr Christian Rodembourg, msa, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, a choisi de former une équipe composée de huit personnes parmi ses proches collaborateurs. Déjà, cette équipe évoquait une intuition du synode : la co-responsabilité et l’inter ministérialité sont nécessaires pour la vie de l’Église. Pour porter cette étape de la démarche nous étions trois femmes et 5 hommes, dont 5 laïcs et 3 ministres ordonnés.
LA MISSION
En moins de neuf mois, notre mission était de nous approprier les objectifs du synode, de former des multiplicateurs, de faire vivre l’expérience, de récolter les fruits de la démarche synodale et de rédiger un rapport qui serait envoyé à l’Assemblée des évêques du Québec, en vue de la rédaction de synthèse provinciale ! Je dois vous confesser que j’étais, comme plusieurs, sceptique quant à la faisabilité de ce projet en raison du peu de temps que nous avions, mais aussi du spectre de la pandémie qui menaçait de nous confiner de nouveau ! Qu’à cela ne tienne, comme mes collègues, j’ai répondu à l’appel en essayant de mettre mes talents au service de l’équipe.
Avec impatience, nous avons attendu le Vademecum. C’est le manuel qui accompagne le Document préparatoire au service du processus synodal. Ensuite, nous avons choisi de faire connaître la démarche synodale à travers notre site web. Grâce à Luc Benoît, notre responsable des communications, nous avons été parmi les premiers diocèses à produire une page pour informer nos diocésains de cette invitation historique.
LA CÉLÉBRATION DU LANCEMENT
Puis, nous avons préparé les invitations et organisé les détails liés à la célébration de lancement de la démarche synodale qui devait avoir lieu le 17 octobre 2021, dans tous les diocèses du monde catholique. Notre objectif pour cette célébration était que le plus de catégories de baptisés possibles puissent y participer. Hommes, femmes, religieux, laïcs, célébrants réguliers et baptisés de la périphérie, tous devaient se sentir convié, malgré la limite de 250 personnes par événement, imposée par notre gouvernement. La célébration, pour sa part devait être belle et priante, tout en demeurant simple et accessible pour les moins initiés. Et, c’est avec fierté que nous avons pu dire : «Mission accomplie!»
LES PAS À FAIRE
Les mois d’octobre et novembre 2021 ont, ensuite été consacrés à préparer et former les rencontres de formation des multiplicateurs. Dans ces rencontres nous souhaitions expérimenter avec eux un partage s’inspirant du modèle de réunion synodale, en rapport avec l’un ou l’autre des dix thèmes suggérés. Avec l’aide de l’Esprit Saint et de la Parole de Dieu, nous souhaitions discerner avec eux les pas que l’Esprit nous appelait à faire, dans le cadre de cette démarche, pour la vie de notre Église. Également, leur proposer différents outils concrets d’animation afin de stimuler leur engagement Une centaine de leaders ont été réunis dans les quatre grandes régions de notre diocèse. Plusieurs sont repartis enthousiastes, en s’exclamant : « Enfin ! Notre Église nous écoute et nous consulte ! »
UN SOUFFLE NOUVEAU
Pour ma part, ces rencontres furent comme un souffle nouveau. Une confirmation que nous avions besoin, comme Église, de cette démarche que le Pape François nous imposait. Les mois suivants furent consacrés à la formation et à l’accompagnement des petits groupes synodaux. Ce souffle que j’ai ressenti au mois de novembre semble avoir aussi animé la grande majorité des personnes qui ont accepté de vivre la démarche. Dans le diocèse de Saint-Hyacinthe, ce sont plus de mille baptisés qui ont participé.
Milles personnes qui ont pris le temps de s’écouter, de partager leur amour de l’Église, mais aussi les blessures qu’ils et elles portent face à leur vie ecclésiale et face aux positions qui les divisent. Mille personnes qui se sont rappelé leur foi, leur espérance et leur désir de s’engager ensemble pour être visage du Christ au cœur du Monde.
En conclusion, je crois que je peux affirmer que, pour moi comme pour ces personnes, cet appel du Pape François fut un chemin de conversion invitant à poursuivre l’élan. Il nous faut, maintenant, faire le choix de continuer de réapprendre à marcher ensemble, malgré les difficultés et les blessures. Ce monde a besoin de l’amour du Christ et l’Église a besoin de chacun de nous pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, aux captifs, aux malades et, surtout à celles et ceux qui se sentent rejetés.