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ÉCOLOGIE

ESPÉRER MALGRÉ TOUT

BERNARD HUDON SJ, biologiste. Centre Justice et Foi

Les gestes individuels sont nécessaires mais ne suffiront pas. L’implication dans les organisations écologiques et celles visant la transition économique et écologique sont aussi des voies à franchir.

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« Face à la crise climatique, j’ai pris la position éthique d’espérer malgré tout en l’humanité. »

Lorsque j’étais jeune adulte, j’aurais aimé vivre dans une période historique charnière telle la Révolution française. Je suis maintenant malheureusement exaucé avec la crise climatique. Même en biologie dans les années 1984-1988 à l’Université Laval, on ne parlait pas de ce problème mais on nous avait permis de suivre un second cours de climatologie. Maintenant, le dernier rapport du GIEC paru en août mentionne des changements irréversibles comme l’élévation du niveau des mers.

Il existe quelques percées technologiques positives, même si la solution globale ne pourra venir uniquement de celles-ci. Pensons aux piles électriques et aux panneaux solaires qui sont de plus en plus efficaces. Déjà, certaines régions isolées mais bien ensoleillées sont devenues autonomes pour leur électricité. Il y a aussi les moteurs à hydrogène qui ne dégagent que de la vapeur d’eau comme résidu. Des trains en Allemagne en sont maintenant équipés.

Au niveau politique, les partis fédéraux de la campagne électorale de 2021 se sont sentis obligés de prendre position sur les changements climatiques, même si leur volonté profonde reste à démontrer. Dans biens des pays, j’ai l’impression que les populations sont rendues plus loin que leurs dirigeants. J’ai ici en tête la grande marche de Montréal de septembre 2019 sur le climat. La COVID a mis un frein temporaire à ce genre de mouvement mais ils reprendront. En écrivant ces lignes, j’attends d’ailleurs le niveau de participation à la manifestation mondiale du 24 septembre 2021.

L’AVANCÉE DES ÉGLISES

Rappelons aussi la belle avancée des Églises orthodoxe et catholique. Bartholomée 1er, primat de l’Église orthodoxe de Constantinople, fait du développement durable et équitable une partie de sa mission religieuse. Le pape François avec son encyclique Laudato Si a su éveiller la conscience d’une bonne partie de ses ouailles tout en plaçant notre Église comme une actrice crédible dans la situation mondiale actuelle. D’ailleurs, une première déclaration œcuménique sur la protection de l’environnement signée par le pape François, Bartholomée 1er et l’archevêque de Canterbury Justin Welby a été publiée le 1er septembre 2021. Cette déclaration traite de l’urgence d’un développement durable, de son impact sur la pauvreté et sur l’importance de la coopération en la matière. Il faut investir les instances politiques comme la famille franciscaine le fait à l’ONU. Dans la famille ignacienne, le dossier écologique est une des quatre préférences apostoliques universelles pour les dix prochaines années.

Les gestes individuels sont nécessaires pour la crédibilité mais ne suffiront pas. Il ne faut pas négliger la politique municipale qui est une bonne porte d’entrée à explorer pour plusieurs. Il permet d’agir sur des problèmes locaux et concrets. L’implication dans les organisations écologiques et celles visant la transition économique et écologique sont aussi des voies à franchir. Il faudra également répondre à l’éco-anxiété qui risque de paralyser certaines personnes. Et il est nécessaire de répondre au cynisme des personnes qui pensent que la bataille est déjà perdue.

ESPÉRER MALGRÉ TOUT

Face à la crise climatique, j’ai pris la position éthique d’espérer malgré tout en l’humanité. J’ose croire que les gouvernements des pays responsables des émissions de gaz à effet de serre s’entendront pour poser des gestes courageux et concrets en vue d’une redéfinition de l’économie mondiale et de nos modes de consommation. À 57 ans, j’espère en voir une bonne partie de mon vivant.

vol. 126 no 3 • Octobre 2021

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