FRANÇOIS ET L’OUVERTURE À L’AUTRE
FRÈRE GWENOLÉ JEUSSET ofm
En cette année du 8e centenaire de la rencontre de saint François et du sultan Al Malik al-Kamil, nous pouvons réfléchir, plus que d’habitude, sur la possibilité de rencontrer l’autre, différent de nous.
« Se regarder sans préjugés.
Savoir écouter sans être aux abois.
Savoir accepter la différence. »
GWENOLÉ JEUSSET, ofm
LE RÉCIT DE LA RENCONTRE DE 1219
Il ne faut pas croire trop vite ceux qui ont raconté les entretiens. Ils n’étaient pas dans la tente du sultan, François et son compagnon n’ont pas raconté ce qui s’est passé et les chroniqueurs font marcher leur imagination de Croisés. La façon de voir des chroniqueurs sont des idées toutes faites. On ne se regarde pas positivement, on se hait ; on pratique la diabolisation de l’autre.
Nos seules certitudes : François est allé dans le camp ennemi ; il a été bien accueilli ; il est revenu sous les yeux écarquillés des Croisés. Au retour, François ne fait pas de conférence de presse… mais écrit dans le chapitre de sa règle sur la Mission que ses frères peuvent retourner, non seulement pour une rencontre brève mais pour vivre parmi les musulmans dans la paix et sans discussions.
COMMENT SE RENCONTRER AVEC LE REGARD DE DIEU
D’abord discerner. Rester les pieds sur terre et penser que si la première approche d’un membre différent par le pays, la culture, la religion ne réussit pas, éviter de cataloguer et réessayer avec une autre personne du même groupe avant de dire : « Il n’y a rien à faire ou ils sont tous pareils ».
Se regarder sans préjugés. Savoir écouter sans être aux abois. Savoir accepter la différence. Se méfier de sa méfiance et dans le sens contraire ne pas croire que tout est automatiquement bien chez l’autre. François invite à se trouver « parmi », ce qui ne veut pas dire se diluer.
Surtout, savoir recueillir dans son cœur tout ce qui est bon, car l’Esprit me précède ; chercher à être petit frère parmi des frères, petite sœur parmi des sœurs, ce qui ne veut pas dire sans ses convictions de conscience et de foi.
Enfin, rendre grâce à Dieu qui nous invite et nous aide à faire fraternité.