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QUI A DIT QUE L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR?

ET SI C’ÉTAIT UNE ODEUR DE JUSTICE!!!

L’argent n'est pas neutre. Pierre Viau souligne l'exercice d'une gestion socialement responsable des argents investis. Ces fonds qui rapportent et assurent l'avenir doivent contribuer à une meilleure société. C’est là un geste prophétique.
« Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement… »
Pape François
LES TEMPS CHANGENT

Quand j’étais petit, j’étais fasciné par les tramways qui circulaient dans les rues de Montréal. Je me souviens de la ligne 17. Elle partait de la rue Saint-Antoine pour nous amener jusqu’au parc Belmont de Cartierville. Quelque part dans Ville Saint-Laurent, il poursuivait son trajet en plein champ. On disait aussi que les communautés religieuses de Montréal étaient très riches car elles possédaient la Montreal Tramway Company. Une manière exagérée de dire qu’elles avaient des argents  placés dans des compagnies. En d’autres mots, c’est bien possible qu’elles aient été actionnaires de cette compagnie, comme elles le sont aujourd’hui dans des centaines d’entreprises cotées en bourse.

Les communautés religieuses ont été les pionnières du mouvement de l’investissement responsable pour ainsi dire « dompter la finance ». Ce mouvement va plus loin que d’interdire les produits de l’armement et du tabac. Par leurs avoirs, les communautés religieuses et d’autres à leur suite, responsabilisent les entreprises par le dialogue avec elles sur des enjeux reliés à l’environnement, aux droits humains et à la gouvernance. Aujourd’hui, 1480 gestionnaires de portefeuilles, 394 propriétaires d’actifs et 252 groupes de services ont signé les 6 principes de l’investissement responsable formulés par UNPRI www.unpri.org.

UN DEVOIR ÉVANGÉLIQUE

Lors de sa messe d’inauguration en 2013, le pape François lançait cet appel : « Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement… »

Il y a 20 ans, quatre communautés fondaient le Regroupement pour la Responsabilité sociale des Entreprises. Aujourd’hui une soixantaine d’organisations et d’individus ont rejoint ce groupe. La mission du RRSE est de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises par l’actionnariat engagé.

L’ACTIONNARIAT ENGAGÉ, ÇA MARCHE!

Dans le journal Les Affaires, du 20 avril dernier, en gros titre : « Ces communautés religieuses qui sont aussi activistes climatiques ». La journaliste, Diane Bédard, racontait que les actionnaires de TransCanada PipeLines, allaient se prononcer sur une proposition présentée par deux actionnaires québécois : les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et les Capucins.

La proposition a d’abord été soumise au Conseil d’administration de cette compagnie. Celui-ci a accepté de la présenter aux actionnaires en assemblée annuelle, après un dialogue avec les deux communautés religieuses. Le Conseil d’administration a recommandé aux actionnaires de voter en faveur de cette proposition qui réclame que TransCanada dévoile comment elle compte adapter son modèle d’affaires au risque climatique et au changement énergétique. Vise-t-elle une décroissance contrôlée, soit une augmentation de son efficacité et de ses profits, et non de ses projets, le plus longtemps possible ? Le transporteur énergétique croit-il que son avenir demeure dans les hydrocarbures ? Une diversification est-elle en vue ? La direction a-t-elle envisagé les risques liés à un resserrement de la réglementation ?

UNE INITIATIVE SALUÉE

L’auteur soulignait l’importance de cette proposition pour deux raisons : a) il est très rare qu’un conseil d’administration recommande de voter en faveur d’une proposition soumise par un actionnaire externe à l’entreprise ; b) peu d’entreprises canadiennes du secteur de l’énergie ont jusqu’ici accepté de réaliser des études et de fournir des informations sur la façon dont la société évalue les risques et les occasions à long terme dans le contexte du changement climatique et de la transition actuelle vers une économie à faibles émissions de carbone. L’article termine ainsi : « Une chose est certaine, on salue l’initiative de la Congrégation de Notre-Dame et des Capucins. Et l’ouverture du CA à y répondre. »

L’article termine ainsi : « Une chose est certaine, on salue l’initiative de la Congrégation de Notre-Dame et des Capucins. Et l’ouverture du CA à y répondre. »
 
Pierre Viau

vol. 123, no 3 • Octobre 2018

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