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GENS QUI INSPIRENT

LA HALTE ST-JOSEPH

MARC BENOÎT coordonnateur Halte St-Joseph

L'expérience d'une présence d'Église dans le milieu racontée par Marc Benoît, coordonnateur de la Halte St-Joseph de Saint-Hyacinthe. Des bénévoles se regroupent dans un local pour accueillir toutes ces personnes seules, sans contact, souvent oubliées,  qui cherchent quelqu'un à qui parler, disponible à l'écoute. Elles renaissent, reviennent à la vie, s'ouvrent et créent des liens.

Ce sont les pauvres
qui aident les pauvres.
À L’ORIGINE

La Halte St-Joseph est née à Granby il y a un peu plus de cinq ans à la suite de la vente d’une église. Le prêtre fondateur et sa proche collaboratrice ont voulu garder une présence d’Église dans le milieu et ils ont créé ainsi la Halte St-Joseph. Les fondateurs étaient loin de se douter que cet humble projet d’Église « hors-les-murs » sortirait un jour de Granby.

 

Dieu vit sûrement que cela était bon puisque cinq ans plus tard, il y a deux Haltes St-Joseph en Afrique, au Congo, une à Trois-Rivières et une à Saint-Hyacinthe dont je suis le coordonnateur.

 

Reconnaissant l’expérience de la Halte de Granby comme projet missionnaire qui donne du fruit en changeant la vie de ses visiteurs et de ses bénévoles et constatant la création de nouvelles Haltes au Congo et à Trois-Rivières, Mgr Lapierre a simplement lancé cette question : « À quand une Halte St-Joseph à Saint-Hyacinthe ? » Des membres de son personnel diocésain portant les dossiers de la pastorale missionnaire et sociale se sont sentis interpellés… et ils ont répondu en trouvant un local au Centre-ville et en recrutant des bénévoles pour débuter !

LA VIE QUI BAT

La Halte ouvre officiellement ses portes le 24 octobre 2016. La première semaine fut assez tranquille même s’il y a eu des visiteurs dès la première journée et ce, sans tapage publicitaire !

 

Voici ce qui s’est passé et ce qui se passe toujours depuis 16 mois d’activités. Des personnes qui, timidement, prenaient une berceuse et ne disaient mot, lentement se sont ouvertes, tout d’abord aux bénévoles disponibles qui sont là simplement,  à attendre… à les attendre pour les écouter et leur servir cafés et collations !

 

Puis, lentement, les physionomies changent ! Les sourires s’élargissent, les rires retentissent… et on ose même une taquinerie ou une farce ! Et voilà que celles et ceux qui ne se connaissaient pas, malgré qu’ils vivaient dans le même immeuble, mais confinés dans leur chambre par crainte du dehors… de la société, voilà qu’ils s’invitent maintenant à partager un souper, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre ! Ils s’inquiètent aussi maintenant de l’absence prolongée d’un habitué de la Halte.

 

Les habitués (que nous appelons visiteuses ou visiteurs puisque la Halte n’est pas un refuge mais un lieu de passage) osent se proposer pour animer des activités pour tous : Martine (nom fictif) veut donner des cours de tricot ; j’accepte et voilà qu’à Noël, nos tricoteuses ont remis à toutes et tous un foulard réalisé de leurs mains. Quant à Clovis (nom fictif encore), il organise et anime des bingos avec prix aux gagnants, prix qu’il a lui-même cherchés.

TOLÉRANCE, FRATERNITÉ, GÉNÉROSITÉ

Les bénévoles et moi-même sommes agréablement surpris de constater le grand respect entre les personnes malgré la diversité des caractères et des maladies d’ordre mental. Il existe un protocole non écrit de tolérance et de fraternité qui baigne la Halte d’une belle grande sérénité.

 

Je veux vous confier ce qui m’a ému le plus ces derniers temps : quatre de mes visiteurs réguliers, en des moments différents de la semaine, ont demandé à me rencontrer,  avec promesse de ne rien dire, pour me glisser un 2$, ou un 5$ économisé et prélevé sur leur montant mensuel d’aide sociale avec la raison suivante : « Je ne veux pas que la Halte ferme ses portes ! » Mal à l’aise devant ce geste de générosité… non… plutôt de survie pour eux, je ne pouvais refuser ce pécule sans les froisser, les insulter. Je me rappellerai toujours ceci : Ce sont les pauvres qui aident les pauvres et la preuve est évidente entre les murs des Haltes St-Joseph, où qu’elles soient, peu importe le milieu.

 

Sans la présence assidue des bénévoles, la porte ne se serait pas ouverte plus de 6,500 fois en 16 mois. Sans les bénévoles, on oublie la mission! Les bénévoles de la Halte ont toutes et tous reçu un envoi missionnaire de notre Évêque; à la halte, nous portons donc le titre de « missionnaire », au service des « pauvres de bonheur »

vol. 123, no 2 • Juin 2018

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