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HISTOIRE FRANCISCAINE

LE RAPPORT À L’AUTRE : LA NÉCESSITÉ DU DIALOGUE

Gilles Bourdeau nous parle d’un aspect qui ne peut pas passer sous silence dans l’histoire de la communauté franciscaine contemporaine, celle du dialogue interreligieux avec la première rencontre de prière pour la paix du monde  organisée à Assise le 27 octobre 1986.
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Cette rencontre, réitérée à plusieurs reprises depuis, la dernière en 2016, désire manifester le refus des grandes traditions religieuses, d’être manipulé comme une arme de guerre. Toutes ensemble, elles affirment que « si Dieu est, Il est paix ». Déjà, en parlant de François et de son combat spirituel dans sa chronique,  madame Giuseppi Testut nous parle de l’importance toujours démontrée par celui-ci, d’aller vers les autres.

Jeune franciscain et engagé depuis peu dans une communauté, je me suis interrogé souvent durant mon noviciat (1962-1963) sur le sens ultime et pratique de cette dimension du projet de vie, surtout en ce qui a trait aux relations avec les autres. Je voulais une réponse qui éclaire ma quête de sens et d’engagement. C’est en lisant un ouvrage de Gabriel Marcel, Être et avoir, que je lus une affirmation bouleversante : « La communauté commence là où des êtres se reconnaissent différents les uns les autres et acceptent de vivre ensemble dans cette différence même. »

VIVRE ENSEMBLE: 

UN DÉFI DANS UNE EUROPE MARQUÉE PAR LA GUERRE

Ce philosophe chrétien et existentialiste savait de quoi il parlait : vivre ensemble dans l’espace culturel et politique d’une Europe marquée par deux grandes guerres (1914-1918 et 1939-1945) impliquant finalement toute l’humanité et tous les acteurs politiques de ces époques était un défi. Dans chacun de ces conflits, il y avait une idéologie de rejet et de sélection, d’exclusion et de domination. La Seconde Guerre mondiale aura été essentiellement une structuration systémique du refus de l’autre et son expression extrême, pour les consciences modernes, sera et demeure le drame de la SHOAH : penser et planifier la destruction massive de six millions de juifs et pratiquer, en même temps, d’autres formes de génocide.

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C’est dans ce contexte dramatique que des personnes de bonne volonté, des leaders politiques et des responsables religieux tentent depuis ces conflits trop répétés de penser l’humanité et la planète en termes de justice et de réconciliation, de paix et de dialogue. Qui peut oublier l’appel solennel du Pape Paul VI à l’ONU en 1964 et son cri : « Plus jamais la guerre, plus jamais la guerre ! » Dans le plus jamais il y avait cette volonté ferme de penser et structurer la vie politique et sociale par la reconnaissance des autres et la structuration des rapports humains et collectifs en termes de paix et de vie pour tous et par tous, en intégrant et valorisant les différences non comme des obstacles, mais comme des occasions favorables et des ressources communes.

C’EST EN LISANT UN OUVRAGE DE GABRIEL MARCEL, ÊTRE ET AVOIR, QUE JE LUS UNE AFFIRMATION BOULEVERSANTE : « LA COMMUNAUTÉ COMMENCE LÀ OÙ DES ÊTRES SE RECONNAISSENT DIFFÉRENTS LES UNS LES AUTRES ET ACCEPTENT DE VIVRE ENSEMBLE DANS CETTE DIFFÉRENCE MÊME. »

C’est l’une des opinions courantes, dans plusieurs régions du monde, que les religions sont perçues et étiquetées comme des vecteurs de violence.
ÊTRE ENSEMBLE POUR PRIER POUR LA PAIX

Un événement unique dans l’histoire moderne demeure cette rencontre de prière pour la paix du monde vécue à Assise. C’est sous le pontificat de Jean-Paul II que l’initiative a été proposée et vécue pour la première fois le 27 octobre 1986. Il y a déjà plus de trente ans que des croyants et des chefs religieux ont vibré et communié à cette proposition audacieuse d’être ensemble pour prier pour la paix. La source et la perspective essentielles et universelles sont toujours la Règle d’or : « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse. » C’est reconnaître le principe fondamental qui préside à la politique internationale et devrait articuler les décisions pour le bien des peuples et des personnes humaines. C’est affirmer aussi qu’il y a une seule famille humaine, que tous les êtres humains ont même origine et même finalité, que cheminer ensemble dans la justice et le dialogue est la seule issue recevable et faisable, que le dialogue porte sur les valeurs et les engagements.

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Depuis cette époque et à l’occasion de la réitération de ces grandes célébrations à Assise (1986, 1993, 2002, 2011 et 2016), se dégage une volonté ferme de refuser que les religions soient manipulées et pratiquées comme des armes de mensonge, de  violence et de destruction. C’est l’une des opinions courantes, dans plusieurs régions du monde, que les religions sont perçues et étiquetées comme des vecteurs de violence. À ce titre, l’initiative d’Assise a aussi pour objectif de se distancier et de dénoncer une interprétation de la Transcendance et du divin qui justifierait la négation de l’Autre et des autres par des pratiques d’interprétation (idéologie) et des actions (éthique) où les autres peuvent être trafiqués et détruits pour des intérêts discutables et inacceptables. Lors de la prière interreligieuse du 24 janvier 2002, le Pape Jean-Paul II concluait la journée de prière par un autre appel solennel : « Plus jamais la guerre ! Plus jamais le terrorisme ! Qu’au nom de Dieu, chaque religion apporte sur la terre la justice et la paix, le pardon et la vie, l’amour ! »

SI DIEU EST, IL EST PAIX!

Ces affirmations, assumées et vécues par plusieurs leaders religieux de la planète, ont aussi pour propos d’interpeller et de convertir leurs propres adeptes à une vision juste et authentique de l’expérience religieuse et spirituelle : si Dieu est, Il est paix ! Ceux qui se déclarent croyants et spirituels ont comme première conversion d’articuler leur expérience fondamentale en termes de dialogue et de travail avec les autres. Le dialogue exprime cet aménagement des valeurs dans les exigences du quotidien collectif et personnel. Il exprime clairement un déplacement, un changement de position, une vulnérabilité voulue et nourrie. L’espérance pour l’humanité et la création s’enracine et grandit dans cette conscience vive de réciprocité imaginative et effective.

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La tradition suscitée par le Pape Jean-Paul II, même si elle est largement diffusée, demeure fragile et soumise à des pressions et à des secousses inimaginables. Toujours être ensemble pour prier est l’aveu que vivre ensemble est un défi auquel nous ne pouvons échapper, mais pour lequel les excuses et les contradictions sont multiples et destructrices. Le dialogue nous apparaît un grain de sénevé combien essentiel pour le monde. Difficile de penser qu’il puisse pousser sans faire ses comptes avec l’ivraie !

Ceux qui se déclarent croyants et spirituels ont comme première conversion d’articuler leur expérience fondamentale en termes de dialogue et de travail avec les autres.

NOTE

 

Les différentes rencontres d’Assise sont les suivantes :

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  • 27 octobre 1986 à l’occasion de la journée internationale de la paix proclamée par l’ONU et dans le contexte de la guerre froide et de la guerre du Liban. Jean-Paul II.

  • Janvier 1993, sur le fond de conflits dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Jean-Paul II.

  • Septembre 2002, dans une période de tensions internationales consécutives aux attentats du 11 septembre 2001. Jean Paul II.

  • 27 octobre 2011, sous le pontificat de Benoît XVI et pour souligner le 25e anniversaire de la prière d’Assise.

  • 20 septembre 2016, sous le pape François, à l’occasion du 30e anniversaire de la prière.

vol. 122, no 3 • Octobre 2017

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