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LE RISQUE DE CROIRE

ÉDITORIAL

ÉTIENNE GODARD  SECRÉTAIRE DU COMITÉ DE RÉDACTION

La montée de la sécularisation dans nos sociétés a fait éclater les conditions dans lesquelles se vivait la foi. L'avancée des sciences rendue possible par une rationalité hyper-développée a aussi comme effet de diminuer la valeur de toute autre approche du réel, tel que la poésie, la philosophie, la spiritualité. En réaction, les mouvements intégristes nourrissent l'intolérance. Le fait de croire et de dire sa foi comporte un risque, devient une audace en quelque sorte.

L'enseignement religieux transmettait des vérités à croire, un encadrement, des règles à observer. Notre société moderne, marquée par le pluralisme et la laïcité, tend davantage, avec la multiplication des horizons offerts  et le souci démocratique à questionner  la vérité révélée et opter pour la liberté. Le choix de l’appartenance religieuse s’est retrouvé sur le marché, côte à côte avec de nombreuses autres propositions. Sa proposition de sens, son encadrement,  semble, pour nombre de nos citoyens, comme un stade à dépasser.

Ce numéro de Chemins franciscains, face à ces paramètres, propose une réflexion sur le risque de croire et aussi sur l’audace qu’il propose. Le risque de croire, chez nous, peut-être celui de s’ostraciser, à la marge du discours ambiant. Croire participe aussi à une audace. Cette audace est celle de la proposition d’une autre façon de vivre ensemble pour une société plus humaine où la personne est valorisée dans sa dignité,  et où se dit la confiance en une Altérité.

Dans notre dossier, Raymond Lemieux affirme que l’acte de croire, au sens large, est fondamental. « Il anime le dépassement, écrit-il, et évite de s’asphyxier dans l’enfer des choses ». Pour Hanafi Tessa, croire c’est pour lui aussi une  affirmation de l’altérité. Si parfois,  comme il l’écrit, « le regard des autres trahit une certaine gêne », pour lui être croyant, musulman, c’est cultiver une appartenance qui le rend sensible à reconnaître l’autre dans sa différence. Yannick Fouda, chrétien du Cameroun, est aussi parfois confronté, dans le regard des autres, à la même curiosité, voire à l’incompréhension. Cette tension, pour lui, l’amène à témoigner en affirmant que sa foi est une valeur ajoutée qui fait partie de son identité. Robert Lebel, dans un texte intitulé Intuition… fait preuve d’audace. Prêtre catholique, loin de tourner le dos à l’altérité, il l’embrasse. Par l’ouverture d’un lieu dédié à la prière et au ressourcement, Versant-la-Noël, il fait place aux dimensions œcuménique et interreligieuse. Il y voit une diversité créatrice.   

Nous avons inclus l’homélie de départ de Mgr Christian Rodembourg dans ce dossier, prononcée à la cocathédrale de Longueuil, après sa nomination comme évêque de Saint-Hyacinthe. Son approche est très inclusive. Il associe le Royaume de Dieu au discours que présente l’évangile de Matthieu sur les béatitudes : heureux les doux, les artisans de paix, les assoiffés de justice. Ce faisant, il inscrit le Croire chrétien dans ce que Raymond Lemieux appelle le dépassement et la sortie de l’enfer des choses.

Chemins franciscains propose ses différentes chroniques qui élargissent  la thématique propre à ce numéro. Elles sont portées par des auteur-es dont nous apprécions la collaboration. Gilles Bourdeau, dans Histoire franciscaine, affirme l’importance du dialogue interreligieux à partir de l'expérience vécue dans l'initiative des Rencontres d'Assise. Pour lui, les croyants ne peuvent se passer du dialogue et  « du travail avec les autres ».  C'est bien là une dimension de l'audace de Croire ; s'ouvrir au   dialogue dérange et comporte sa part de risque. Jacques Gauthier, dans Quête spirituelle, nous invite à demeurer en Dieu. Il invite à se laisser regarder pour se laisser transformer. Dans son livre La prière chrétienne, dont Étienne Godard propose une recension dans la chronique Au cœur des mots, Jacques Gauthier nous invite à se mettre en Sa présence. Dans En pleine action, Lévi Cossette nous parle des dimanches lumineux d’une famille qui en a fait « la pierre d’assise pour une ouverture sur le spirituel »  et dont les enfants sont les grands gagnants, écrit Lévi. Dans François et Claire, Suzanne Giuseppi Testut nous parle du combat spirituel de François pour toujours participer davantage à l’intimité de Dieu. Une intimité qui se manifeste toujours dans un agir aux services des humains. La chronique Poésie du regard vous offre Envers, un poème de Gilles Bourdeau. Envers lève un voile. Ce franciscain y parle d’un Ange, tranquille et lumineux, écrit-il,  « tournant les faits le sens », qui lui permet, sur cet Envers, de transcrire « l’inespéré ». C’est peut-être ainsi que le risque de dire sa foi peut devenir une audace.

Bonne lecture !

 

Étienne Godard

Secrétaire du comité de rédaction

vol. 122, no 3 • Octobre 2017

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